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L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE |
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Les socialistes en Résistance (Séli Arslan, 1999)
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Les socialistes en Résistance(1940-1944) Combats et débats sous la direction de Pierre Guidoni et Robert Verdier, préface de Laurent Fabius Séli Arslan, 1999, 192 p.
Article paru dans L’OURS n°288, mai 1999.
La Résistance des socialistes a longtemps été minorée. Des historiens de talent nous rappellent la part qu’ils occupèrent, avec les communistes et les gaullistes.
Il est devenu prudent, quand on parle de l’attitude des Français durant la Seconde Guerre mondiale, de battre sa coulpe. À croire certains médias et journalistes, ce passé ne passerait définitivement pas, tant les placards et les caves seraient pleins de bombes à retardement, voire de cadavres. Derrière les résistants se cacheraient des agents, doubles voire triples, suspects de toute façon. Jean Moulin, agent de Moscou ou des Américains, les Aubrac, des menteurs, la Résistance, un combat pour des places... De rares héros et encore, pour combien de traîtres ? Tout le monde fuirait devant l’histoire et les historiens qui solderaient pour toujours les comptes d’une époque où les Français dans leur ensemble auraient omis de bien se conduire.
Pourtant, à y regarder de plus près, et surtout à lire les récents travaux des historiens, cette vision médiatique est fausse. Les dernières thèses sur les mouvements de Résistance - je songe à celles d’Olivier Wievorka (« Ceux de la Résistance »), de Laurent Douzou (« Libération Sud »), et d’Alya Aglan (« Libération Nord ») – ou sur des personnalités – je pense à celle de Guillaume Piketty sur Brossolette – apportent beaucoup à notre connaissance de cette période. La vérité ne se situe pas dans une espèce de discours balancé et équilibré quelque part entre les 40 millions de pétainistes et les 100 % de résistants. Elle se trouve dans les archives, en France et ailleurs, mais aussi dans les témoignages et récits des acteurs. C’est là que le travail des historiens prend toute sa valeur, dans la confrontation entre toutes ces sources, sans arrière-pensées, au seul service d’une meilleure connaissance des faits, replacés dans leur contexte. La journée initiée par l’OURS et la société des amis de Léon Blum en mai 1998, et dont l’ouvrage les socialistes en Résistance constitue les actes, procédait de cette démarche. Faire appel à des spécialistes, mais rendre aussi la parole aux acteurs, dans une rencontre toujours enrichissante. Composé de chercheurs, de résistants, de fils ou de filles de résistants, de citoyens parfois militants socialistes, le public réuni au cours de cette journée ne venait pas écouter une histoire édifiante, mais faire le point sur une période. Ce livre s’adresse donc à un large public.
Robert Verdier, l’un des fondateurs du Comité d’action socialiste, dans un témoignage émouvant et simple, s’interroge : pourquoi aura-t-il fallu attendre plus de 50 ans pour que les socialistes retrouvent leur véritable place dans l’histoire des combats pour la Libération du pays ? Parce qu’à la Libération, les communistes et les gaullistes y avaient intérêt, et que les socialistes ont toujours eu du mal à défendre leur action. Laurent Fabius, dans une belle préface, rappelle aussi que les socialistes dans leur collectivité, n’avaient pas, autour de ce sombre mois de juillet 1940 et après, fait preuve d’une plus grande clairvoyance que les autres. Les socialistes porteront longtemps sur les épaules l’attitude de certains d’entre eux, et la véritable trahison de quelques uns qui acceptèrent des postes à Vichy. Au point de ne pas oser revendiquer haut et fort, comme ils l’auraient dû, l’action courageuse d’un Léon Blum ou d’un Daniel Mayer, et le martyr d’une Suzanne Buisson, d’un Pierre Brossolette, d’un Augustin Malroux, et de tant d’autres.
Aujourd’hui, comme il n’existait rien d’équivalent sur le sujet, ce livre est déjà une référence. Le texte de Jean-Louis Crémieux-Brilhac, acteur et historien de la France libre, qui « se souvient » de ses rencontres à Londres avec Félix Gouin, André Philip, Daniel Mayer, George Boris, Christian Pineau, Pierre Brossolette, retrace avec minutie, archives à l’appui, les débats entre socialistes sur le sens et le degré de leur adhésion au gaullisme. Il confirme le rôle éminent joué par les socialistes à Londres et à Alger. Il faudrait encore évoquer la reconstruction du Parti socialiste autour de Daniel Mayer (Marc Sadoun), les grandes figures telles Pierre Brossolette (Guillaume Piketty), Christian Pineau (Alya Aglan), Daniel Mayer (Martine Pradoux), Alain Savary (Martine Prévost) Guy Mollet (Denis Lefebvre), Adrien Tixier ou Robert Marjolin (Pierre Guidoni), les engagements dans les réseaux (Noëlline Castagnez-Ruggiu, Jean-Pierre Pignot), l’action au CNR (Claire Andrieu) et s’interroger avec Daniel Lindenberg sur la place du peuple socialiste dans cette histoire.
En nous sachant injuste avec les autres contributeurs, signalons plus particulièrement aux lecteurs deux textes. Gilles Morin, en travaillant sur les journaux ou carnets « intimes », et les correspondances des internés administratifs (Vincent Auriol, Marx Dormoy, Louis Noguères) met en lumière la profondeur de l’engagement républicain et socialiste de ces hommes qui dirent tout de suite Non à Pétain. Animés d’un optimisme inébranlable, dès les premières heures, ils surent communiquer leur flamme, et préparèrent la victoire finale. Gilles Vergnon montre pour sa part que le maquis du Vercors, s’il ne fut pas seulement socialiste, fut en grande partie dirigé par des socialistes de l’Isère et de la Drôme, et que les Jeunesses s’illustrèrent dans les combats.
Les socialistes en Résistance est un livre d’histoire, mais c’est aussi un livre-hommage qui comblera les résistants et instruira les militants.
Jean-Pierre Masseret Secrétaire d’État à la Défense chargé des Anciens combattants
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