Jacques Girault, Jean-Louis Robert, Le Congrès de Tours, Montreuil, Le Temps des Cerises, 2020, 204 p., 15 €
L’ouvrage sur le congrès de Tours que nous proposent Jacques Girault et Jean-Louis Robert, deux spécialistes réputés de l’histoire ouvrière, a lui-même une histoire. Il est issu d’un gros livre qui marqua en son temps l’historiographie, l’édition critique des débats du Congrès de Tours, publiée en 1980 aux Editions sociales, sous l’égide des mêmes historiens, alors accompagnés par trois autres (Jean Charles, Danielle Tartakowsky et Claude Willard), tous membres ou proches du PCF. De larges extraits en furent repris dix ans plus tard, chez le même éditeur.
C’est ce travail qui est réédité aujourd’hui, dans une édition remaniée qui intègre le renouvellement de la recherche et des perspectives. Disons-le d’emblée : l’ouvrage tient la distance et propose dans un format facile d’accès, une excellente synthèse sur ce congrès. On y trouve, à côté des résolutions soumises au vote, une sélection des interventions les plus représentatives: celles de Marcel Cachin, Louis-Oscar Frossard et Paul Vaillant-Couturier pour l’adhésion à l’IC, celles de Marcel Sembat, Jean-Baptiste Lebat et Léon Blum contre l’adhésion, et celle de Jean Longuet pour cette impossible synthèse unitaire, cette « Internationale de classe » qui ne soit pas une « Internationale de secte », sèchement rejetée par les bolcheviks.
Cette sélection est précédée d’une longue introduction qui replace les journées de Tours dans le contexte de la sortie d’une guerre qui a donné un « coup de hache » sur la société française : mobilités géographique et sociale accrues, baisse du pouvoir d’achat, liens noués entre le mouvement syndical et l’Etat, radicalisation des mécontentements. Surtout, chez les militants, la volonté de régler les comptes avec les fauteurs de guerre s’accompagne d’une « moralisation » des enjeux, qui durçit tous les débats.
Au total, on ne peut que conseiller ce livre, à quiconque recherche une synthèse à la fois complète et facile d’accès.
Gilles Vergnon