Le mardi du 8 mai 1945, Le Populaire titre sur huit colonnes « Le Reich nazi abattu ». Sa hiérarchie de l’information commande au quotidien socialiste d’annoncer en dessous, sur deux colonnes : « Léon Blum libéré. Notre directeur se trouve dans une localité du nord de l’Italie », article accompagné d’une photographie de l’ancien président du Conseil, et d’un papier de Bracke « Vive Blum ! Vive Blum ! ». Dans tous les numéros qui paraîtront jusqu’au retour de Blum en France une semaine plus tard, des articles signalent son emploi du temps, ses déclarations, ses rencontres.
Léon Blum prisonnier et otage. Dès les premiers jours, Pétain et le gouvernement collaborationniste de Vichy entendent juger ceux qu’ils rendent responsables de la défaite, au premier rang les membres du gouvernement du Front populaire. Le 5 septembre 1940, Léon Blum est arrêté et emprisonné au Château de Chazeron, puis à la mi-novembre à Bourrassol non loin de Riom, enfin, au fort du Portalet (Hautes-Pyrénées).
En attendant l’ouverture de son procès, l’ancien président du Conseil du Front populaire entreprend la rédaction de À l’Échelle humaine qu’il achève en décembre 1941 (l’ouvrage sera publié en 1945).
Le procès de Riom s’ouvre le 19 février 1942. Blum siège parmi les accusés avec Édouard Daladier et le général Gamelin. Il retourne l’accusation contre cette justice à la solde de l’occupant. En avril, sur ordre d’Hitler, Pétain fait suspendre le procès. Blum est reconduit à Bourrassol.
Le 31 mars 1943, Léon Blum et Georges Mandel, parce que Juifs, sont emmenés par la Gestapo comme otages dans une maison située à proximité du camp de Buchenwald. En juin, Jeanne Reichenbach dite « Janot », sa « secrétaire » depuis le début de la guerre, obtient l’autorisation de rejoindre son compagnon. Le 5 octobre, ils se marient. Mandel, ramené en France, est assassiné par la milice en juillet 1944.
Devant l’avancée des troupes américaines, les nazis évacuent leurs otages. Du 3 avril au 4 mai 1945, de Buchenwald au Tyrol italien où ils rencontrent, enfin, les premiers soldats américains, Léon et Jeanne, et leurs compagnons, vont de camp en prison, de prison en camp, dans l’immense pagaille de la débâcle allemande. Enfin libéré, le couple Blum regagne la France, le 14 mai 1945. Blum racontera leur périple dans une série d’articles publiés sous le titre Le Dernier mois.
Ils s’installent définitivement dans la maison de Jouy-en-Josas, remise en état. Quelques jours après, Léon Blum est invité par le général de Gaulle à participer au gouvernement.
Frédéric Cépède et Éric Lafon