A propos de Laetitia Réal-Moretto (dir.), Vincent Lemire, Yann Potin et Danielle Tartakowsky, Les correspondants de L’Humanité, Regards photographiques, Seuil, 2022, 256 p, 39 €
Le quotidien communiste a repris un certain nombre de traditions existant dans le monde ouvrier pour les systématiser et les faire siennes au point de se présenter comme le précurseur de certaines pratiques comme les correspondants ouvriers. S’adaptant aux nouvelles méthodes de journalisme, le quotidien du Parti a mis en place, à partir des années 1950, les correspondants photographes. C’est principalement Michel Tartakowsky qui a initié ce mode de reportage militant. Né en 1923, passé par les JC, il quitte Paris pour Lyon en 1941 où il rejoint les FTP/MOI. À la libération, il devient journaliste, travaille pour la presse du parti avant d’entrer dans le saint des saints, L’humanité, où il coordonne notamment les correspondants photographes.
Entre 1950 et 1997, des milliers de militants-journalistes se lancent dans l’expérience. Le photoreportage est alors encadré. Des cours sont dispensés. La rue, la vie militante, les fêtes et les manifestations permettent de passer aux travaux pratiques. Le journal et Michel Tartakowsky choisissant les meilleures photographies pour le quotidien donnant par la même des gratifications symboliques aux militants voire, parfois, leur permettant de quitter l’usine pour devenir photo-reporter. L’ouvrage propose plusieurs entretiens et parcours de vie militante.
Abondamment illustré, ce livre-album montre également les principales préoccupations du quotidien communiste : manifestations, mouvement de la paix, anticolonialisme, fête de l’humanité, etc… Il n’y a finalement qu’une seule absente dans cette histoire : l’URSS, on se demande bien pourquoi.
Sylvain Boulouque