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L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE
 
Robert Fuzier
Robert Fuzier (1898-1982)
La « ligne claire » du Populaire

Né le 30 novembre 1898 à Paris (VIe), Robert Fuzier, militant socialiste, a été de 1934 à 1940 et de la Libération à 1947 « le » dessinateur politique du Populaire de Paris.

Robert Fuzier fait ses études à Paris. Mobilisé en 1916, il est gazé sur le Front et se voit contraint de passer deux années en sanatorium. De 1922 à 1929, il travaille comme décorateur et dessinateur de broderies. En 1928, il épouse la fille de H-P Gassier, célèbre dessinateur de presse, qui depuis le début du siècle fait les beaux jours de la presse de gauche, socialiste de L’Humanité au Populaire pendant la guerre, à Floréal, l’hebdomadaire du monde du travail… puis communiste avant un retour à la vieille maison, dans Agir, le mensuel des « bellicistes” de la SFIO lancé en 1938 par Léo Lagrange, Daniel Mayer, Pierre Brossolette…
Les premiers dessins politiques de Robert Fuzier sont publiés en 1929 dans Paris-Soir. L’année suivante, il adhère au Parti socialiste. En 1932, il publie sous le titre Vive la Guerre ! (Paris, éditions Pythagore) trente cinq « compositions pacifistes » remarquées.
Au tournant des années 1930, après l’engouement pour la photographie, le dessin de presse connaît un grand essor et les quotidiens font appel à des collaborations multiples pour varier le ton et le commentaire de l’information. Collaborateur épisodique du Populaire depuis février 1931, le trait rond et l’humour de Robert Fuzier deviennent familiers des lecteurs qui suivent chaque dimanche à partir de 1933 la planche des Aventures de Dédé et Doudou, dont il écrit aussi les textes. Le jeune garçon et la jeune fille, curieux et débrouillards, découvrent sous la garde de l’oncle Anatol la vie et ses dangers, représentés notamment par les maîtres de guerre, les marchands de canons, et les exploiteurs de toutes sortes. Leurs deux premières aventures les mènent en Afrique puis aux États-Unis – l’influence d’Hergé n’est pas loin… mais le message est ici pacifiste, internationaliste, socialiste, humaniste, proche de celui délivré chez les Faucons rouges et dans les Auberges de la jeunesse. Les premières aventures sont suivies des Nouvelles aventures…, éditées en 1933 et en 1934 en volumes reliés en couleur par « les éditions du Populaire », « pour nos enfants ».
À partir de 1934, Robert Fuzier intervient quasi quotidiennement dans le Populaire, soit en dessin de une, soit dans l’habillage des rubriques en pages intérieures. En 1936, il ressemble au personnage de socialo, genre titi parisien ou gavroche, les manches retroussées, prêt au combat comme il le dessine pour les éditions de la Librairie du Parti socialiste. Sa Marianne, jeune et vaillante, femme du peuple et de grand air, prend la tête des manifs… son drapeau orné des Trois flèches… guidant le peuple du Front populaire en guerre contre les dictatures et les fascistes étrangers ou français. Contre le colonel de La Roque, il invente le personnage récurrent de « Casimir ».
Dans le même temps, Robert Fuzier travaille pour La Patrie humaine de Victor Méric, Les Hommes du Jour de H. Fabre, Messidor l’hebdomadaire de la CGT, mais aussi pour Regards. Dans Mon Camarade, journal pour enfants publié par le Parti communiste, il propose « Les aventures de Pat'Soum ». Proche de Léo Lagrange qu’il a commencé à côtoyer au Populaire, après mai 1936, il est chargé des relations avec l’extérieur au cabinet du nouveau ministre des sports et des loisirs. Période euphorique, où il participe à la mise en place d’une politique en faveur des jeunes et des loisirs. Antimunichois dans Le Populaire, il modère les excès de l'anticommunisme ambiant et met en avant la fraternité ouvrière… Replié à Clermont-Ferrand au début de la guerre avec l’équipe du Populaire, bientôt sabordé par la direction paulfauriste du Parti socialiste, il refuse de participer à une presse bâillonnée et s’engage dans la résistance. Fixé à Aigueperse (Rhône), il se lance dans la sculpture. Arrêté par les Allemands en 1943, il est emprisonné à Moulins puis à Fresnes. Libéré en mai 1944, il renoue alors avec son premier métier de retoucheur photographe. Au lendemain de la Libération, il monte sur le toit du quotidien Le Matin, dont l’immeuble a été réquisitionné par les socialistes, pour y faire flotter le drapeau du Populaire.
Fuzier collabore à nouveau au quotidien socialiste de 1944 à 1947. Cependant, partisan de l’unité d’action avec les communistes, il est exclu de la SFIO en 1947, avec ses camarades de « la Bataille socialiste ». Il travaille alors à France-URSS et dirige, avec Jean Bruhat, les Cahiers Internationaux. Son œuvre d'après guerre, moins directement politique, est parue dans Libération durant 12 ans, de 1951 à 1963, sur une dizaine de titres dont il écrit souvent les textes. Ce sont : Capitaine Passe-Partout, La case de l'Oncle Tom, Jacques Bonhomme, Marie Read la flibustière, Les mémoires de madame Angot, Nadia Starli, Tête de fer, Thyl Ulenspiegel et deux épisodes de Cartouche.
Militants au PSA, puis au PSU, Robert Fuzier réadhère au Parti socialiste en 1974. Il est décédé le 29 novembre 1982 à Rocquemont (Oise).
Frédéric Cépède

Sources : « Robert Fuzier », notice du Maitron rédigée par Michel Dixmier ; Christian Delporte, Les Crayons de la propagande, dessinateurs et dessin politique sous l'Occupation, Paris, CNRS Editions, 1993, 223 p. ; Jean-Louis Chappat, Les Chemins de l’espoir.ou Combats de Léo Lagrange, préface de J. Lacouture, postface de P. Mauroy, Éditions Fédération Léo Lagrange, 1983, 471 p.
D'autres dessins de Robert Fuzier
 

 
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