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L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE |
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Chapuis/Comeliau/Développement durable LOURS426
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Développement durable et citoyenneté par ROBERT CHAPUIS à propos de Développement durable et responsabilité citoyenne, dirigé par Christian Comeliau, Editions Privat, 2012, 299 p, 12 e
Article paru dans L’OURS n°426 mars 2013, page 1
Dans son récent manifeste, la Ligue de l’Enseignement énonçait l’impératif de vraiment « faire société ». Le citoyen doit être conscient de sa responsabilité à l’égard de la collectivité à laquelle il appartient et l’intérêt général commande de mettre en œuvre les moyens d’un développement durable. Tel est l’objet de ce livre dont l’économiste genevois Christian Comeliau est le maître d’ouvrage et aussi largement le maître d’œuvre.
Christian Comeliau reprend l’expression mise en avant naguère par Lebret et Perroux disant que ce qui importe, c’est « le développement de l’homme et de tous les hommes ». Il doit être durable, « soutenable », ce qui implique que l’on reconnaisse qu’il est complexe, qu’il porte sur le long terme, qu’il est planétaire, qu’il doit se fonder sur l’intérêt général, mais qu’il appelle une approche citoyenne. C’est au citoyen de faire valoir cet intérêt général. Or aujourd’hui ce dernier « se réduit à la somme des intérêts particuliers de ses membres, et donc à l’enrichissement que leur permet un accès accru au marché ». Le capitalisme impose la priorité d’une économie marchande : les citoyens doivent peser dans le sens d’une autre économie qui fait sa place à une économie non marchande. Ainsi pourra-t-on assurer un progrès social – autre nom du développement durable – qui soit à la fois économique, social et écologique. Les institutions doivent le garantir, d’où la nécessité d’une action politique. Pour échapper à la logique de l’économie de marché, il ne suffit pas de prôner une économie « verte », car « la rhétorique verte est instrumentalisée en faveur de la croissance, avec le risque évident d’ignorer la dimension sociale inhérente au développement durable ».
Transition On ne peut pas plus céder à une logique de la décroissance, c’est à une transition qu’il faut savoir procéder, en fixant de nouveaux objectifs à la vie collective. Il revient aux citoyens de les fixer, ce qui implique une autre culture, donc une éducation qui ne se limite pas à sa forme scolaire. Christian Comeliou dénonce à son tour « l’homo economicus » et appelle à un sursaut des consciences.
Il ne suffit pas cependant, et il faut donner une forme plus technique aux mesures nécessaires. C’est l’objet de la seconde partie de l’ouvrage qui aborde divers domaines significatifs sous la plume d’experts de ces domaines. On remarque en particulier de bonnes interventions concernant l’agriculture (Marc Dufumier) qui doit se garder d’une sélection et d’une spécialisation excessives et d’orienter vers une agro-écologie mieux fondée sur des critères biologiques, ou encore le respect de la biodiversité (Gérard Bonhoure), qui implique une vision évolutive et non fixiste des espèces vivantes, tant végétales qu’animales : il faut se garder « des messages parfois réducteurs portant sur la protection d’une seule espèce ainsi que des solutions préconisées si elles ne présentent pas un caractère suffisamment global ». Des exemples très précis viennent appuyer ces remarques, ce qui démontre l’importance de l’expertise scientifique, à condition que le scientifique « présente ses conclusions en reconnaissant les marges d’incertitude qui les accompagnent, en précisant ses méthodes d’étude afin de les exposer à des possibles vérifications ». Dans tous ces domaines, ce sera au citoyen de choisir, car c’est à lui de prendre ses responsabilités.
Un protectionnisme universaliste Tâche difficile aujourd’hui face à la mondialisation des échanges et des enjeux, comme le montre Alain Lipietz, qui dénonce le risque du protectionnisme prôné par certains. L’Europe doit permettre d’élargir les perspectives, mais ce qu’il faut avant tout, c’est « une homogénéisation mondiale des conditions sociales, environnementales et fiscales », c’est-à-dire – selon une formule un peu complexe – « un protectionnisme universaliste ». On entre alors dans le domaine des institutions qui doivent régir un nouvel ordre mondial, plus respectueux des droits humains. C’est à ce respect qu’appelle Jean-Michel Belorgey en matière d’immigration. À l’encontre d’une stratégie purement policière, il propose de la considérer comme une forme de coopération qui demande une certaine maîtrise, mais surtout l’acceptation que l’on peut avoir une double appartenance, permettant notamment l’aller et le retour entre pays d’accueil et pays d’origine.
D’autres interventions concernant l’urbanisme, l’énergie, la culture, l’éducation populaire montrent que des politiques de développement durable sont possibles et ont été déjà esquissées dans certains domaines. Mais il importe que les citoyens soient conscients des enjeux. Des associations comme 4D ou la Ligue de l’Enseignement peuvent contribuer à cette prise de conscience. Encore faut-il qu’elles soient soutenues dans leur démarche par les pouvoirs publics. Robert Chapuis |
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