|
|
Nous joindre | L'OURS 12 Cité Malesherbes 75009 Paris | Tél. 01 45 55 08 60 | Pour être informé de nos activités (réunions, parutions, séminaires…), laissez nous un message électronique : | e-mail : info@lours.org |
|
|
|
|
L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE |
|
BergouniouxRS 36
|
Avant Propos, par Alain Bergounioux recherche socialiste 36 (septembre 2006) :
L’éducation(1) et la formation sont au cœur de l’identité socialiste. Dans l’analyse des premiers socialistes, la confiscation des savoirs par quelques-uns permettait l’exploitation de ceux qui n’avaient que leur force de travail à vendre. Dès lors, de l’instruction générale, de l’éducation, puis de la formation à la doctrine « socialiste » dépendait leur libération. C’est par la connaissance que les citoyens s’émanciperaient, l’ignorance les maintenant dans leur condition. Aux origines du mouvement socialiste, c’est à « l’école du parti », puisqu’il n’en existait pas d’autres, que les militants étaient convoqués pour apprendre la solution à la question sociale, pour ensuite la diffuser. Conférences, cours, brochures, livres, tous les moyens ont été expérimentés pour développer les connaissances, et aller au peuple. Puisqu’il s’agit de politique, le terme de propagande est le plus souvent utilisé pour qualifier ce type d’enseignement. Mais dès lors que certains savoirs indispensables pour comprendre la société (l’analyse économique, le droit, la comptabilité, voire l’histoire sociale) ne sont pas dispensés dans les écoles ou ne trouvent pas place dans les enseignements classiques, d’autres structures les prennent en charge… Et quand votre naissance, votre condition vous a fait rater les premières étapes, le relais doit être pris par d’autres. L’histoire des universités populaires, des écoles de formation des partis politiques, des syndicats, des associations, … celle de l’OURS, sont riches de réflexions sur la place des savoirs et leur diffusion dans la société2. La connaissance nourrit la connaissance, et plus l’offre est importante plus grandes sont les chances de s’élever.
Formation professionnelle, un enjeu et un défi C’est justement parce qu’ils ont toujours accordé une grande place à la formation sous toutes ses formes que les socialistes ont inscrit le droit à la formation pour tous tout au long de la vie comme une des priorités de leur projet. Il s’inscrit dans une vision de l’homme, de la connaissance, du progrès. Dans le constat que dans une société où malgré l’élévation générale du niveau des connaissances l’accès aux savoirs n’est pas égal pour tous, où les métiers et les qualifications requises sont bouleversés par l’irruption sans cesse plus rapide de nouvelles technologies, chaque citoyen doit avoir la possibilité de s’adapter. Au-delà d’une formation initiale permettant de répondre aux demandes du marché du travail, la possibilité de rebondir face à des évolutions professionnelles subies ou choisies doit être offerte à ceux qui le souhaitent. Clotilde Valter, secrétaire national chargée de suivre cette question au PS, présente le cadre de la réflexion des socialistes en 2006 et, pour 2007, leurs engagements. Yves Attou, responsable national, rappelle que l’enjeu de la formation est inséparable du combat pour un monde plus juste, et qu’elle n’est pas une « marchandise » comme les autres. Avec la décentralisation, les Régions, en charge notamment de la formation des demandeurs d’emploi de plus de 26 ans, sont désormais un acteur central. Jean-Paul Denanot, président de la Région Limousin, insiste sur les clarifications nécessaires des compétences de chacun (État, régions, partenaires sociaux, organismes de formation…). On est là dans le concret, et compte tenu du nombre d’intervenants, devant les difficultés liées à l’organisation des marchés publics et des règles de la concurrence, à la définition des contenus mêmes de ces formations, à la mise en concurrence de ceux qui les proposent… Les articles de Jean-Claude Quentin (Force ouvrière), Annie Thomas (CDFT), Régis Regnault (CGT) qui présentent le point de vues des syndicats – qui voient reconnu leur rôle de conseil des salariés en ce domaine – font toucher du doigt à la fois le consensus autour de cette question, et l’importance de la mise en musique des nouvelles dispositions, où tous notent des progrès mais qui demandent à être traduits dans la réalité des faits. Car la formation professionnelle, si importante, est peut-être encore trop perçue par les salariés comme un temps subi et non choisi en attendant de retrouver un emploi, moins comme un tremplin que comme un pis-aller, bref, un simple – même s’il est utile – traitement social du chômage, mais qui ne change rien sur le fond. L’idée de « formation tout au long de la vie » qui doit aussi être comprise comme une philosophie de la vie, suppose préalablement de bien s’entendre sur ce que recouvre le mot formation et ensuite de lui appliquer les valeurs d’égalité des chances et de redistribution portées par les socialistes. Car l’une des difficulté reste dans l’évaluation des formations. Leur réussite peut être évidemment de retrouver un emploi, ou d’en changer quand on le souhaite, mais elle peut être aussi une simple ouverture sur des connaissances nouvelles. D’où l’importance de bien savoir ce que l’on mesure dans la réussite d’une politique. C’est tout l’enjeu des nouveaux dispositifs, et du projet des socialistes, que d’insérer la formation comme une chance et un enrichissement, débouchant sur une carrière professionnelle plus riche et variée, mais aussi sur une vie plus épanouissante. Et l’expérience acquise en ces domaines est un atout non négligeable.
Histoire et recherche Nous laissons, comme de coutume, une place dans ce numéro à l’histoire, et notamment au Front populaire, avec l’étude François Prigent sur le Font populaire dans le Trégor. Son étude montre l’intérêt de plonger dans les histoires locales, avec le poids des hommes, des luttes locales, pour appréhender les évolutions politiques, à court et moyen terme. En document, nous proposons le discours de Léon Blum à Luna Park, en septembre 1936, intervention qui se situe quelques semaines après le début de la guerre d’Espagne. Blum est venu s’expliquer devant des militants de la fédération de la Seine. Il défend sa décision de la « non-intervention », argumente, devant un public au départ réticent. 70 ans après, il conserve toute sa puissance d’émotion. Il illustre la conception du pouvoir de Léon Blum et son rapport à son parti. Il témoigne d’un lien physique avec le Parti socialiste. Un lien d’histoire, de fidélité. Il traduit aussi les difficultés de l’exercice du pouvoir, pris ici entre des exigences contradictoires Enfin, nous publions en « archives », Librairie, des nouvelles inédites d’Albert Gazier conservées dans le fonds déposé à l’OURS. Elles éclairent un autre aspect de la personnalité de ce militant syndical et politique, de cet expert, dont viennent de paraître sous le titre Albert Gazier autour d’une vie de militant (1908-1997), les écrits « autobiographiques ». Ce livre figure dans une collection intitulée « des poings et des roses » que nous venons de lancer avec nos amis de la Fondation Jean-Jaurès, chez l’éditeur L’Harmattan. Nous y éditerons des travaux sur le mouvement socialiste au sens large, et notamment les recherches couronnées par le Prix de la Fondation Jean-Jaurès, des documents et des témoignages3. Ce nouveau terrain d’intervention de notre office dans le domaine de la recherche est aussi un pari. Nous comptons sur nos lecteurs, et nos fidèles adhérents, pour nous apporter leur soutien dans cette entreprise, en assurant la promotion de ces ouvrages. Alain Bergounioux
(1) Nous avons consacré plusieurs dossiers dans notre revue à la question de l’éducation, le dernier en date en décembre 2003, cf. recherche socialiste n°25.
(2) La bibliographie sur ce sujet est abondante. Pour une synthèse récente et éclairante voir : « Les écoles des partis ouvriers au XXe siècle », Cahiers d’histoire, revue d’histoire critique, n°79, 2000.
|
|
|
|
|
© L'OURS - 12 cité Malesherbes 75009 Paris
|
|