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L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE |
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Bondy et le soutien à l'Amérique latine
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Une leçon de fraternité, par Claude Fuzier
Texte de Claude Fuzier publié dans la plaquette de présentation de l’exposition « Expression libre de l’art latino-américain », qui s’est tenue à l’Hôtel de Ville de Bondy du 10 au 17 mars 1979. Dans cette même plaquette, ont été publiés des textes d’Hipolito Solari Yrigoyen, de Julio Cortazar et de Rojas Mix. Ont été présentées dans cette exposition des œuvres, peintures et sculptures, d’une vingtaine d’artistes, originaires des pays suivants : Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Cuba, Mexique, Pérou, République dominicaine, Uruguay, Venezuela.
C’est avec la plus grande fierté et la plus grande joie que la ville de Bondy accueille l’exposition sur l’art latino-américain, préparée grâce au concours de Monsieur Hipolito Solari Yrigoyen, membre du Sénat de la République argentine, « éloigné » de son pays par une répression politique qui l’a durement frappé, et frappe encore toujours tant de démocrates.
Qu’une commune de la banlieue parisienne ait pu être choisie pour une telle manifestation souligne profondément l’esprit d’ouverture internationaliste qui l’anime. Car cette exposition est l’occasion d’un échange : au don sans prix de l’œuvre d’art qu’apportent nos amis du monde latino-américain, nous offrons une solidarité du cœur et de l’esprit et nous exprimons notre attachement à la lutte qu’ils mènent pour que leurs nations disposent enfin du droit d’être elles-mêmes dans la liberté.
L’art n’a jamais été coupé de la réalité sociale, économique et politique. Il en fait partie intégrante, y compris sous ses formes les plus éloignées en apparence des contingences. Mais le lien est évidemment mieux vu lorsqu’un peuple ou une nation sont amenés à exprimer ouvertement les contradictions qui les traversent. Ainsi, la vision si superficielle que les Européens avaient au début du siècle du continent latino-américain s’est-elle modifiée au fur et à mesure que les porteurs de témoignages que sont les écrivains et les artistes ont fait parvenir leurs messages.
L’opérette, le carnaval et les généraux sans troupe ne correspondent plus à l’image que se fait aujourd’hui de l’Amérique du Sud une grande partie de la population française. Que les agences de tourisme nous vantent toujours les nuits chaudes de Rio ne change rien à la montée de la conscience. Derrière le scintillement des morts usés à force d’avoir décrit le paradis du luxe et les dépaysements frelatés, sont apparues les vérités d’une civilisation qui souffre dans sa chair et dans son âme. Et l’image crue du cinéma, aussi bien celui de fiction que celui de reportage, a projeté parfois dans nos foyers la vision de cette souffrance.
Personne ne perdra donc son temps en venant visiter une exposition qui exprime à la fois la richesse créative et l’engagement démocratique. Par le fer, par le feu et par le sang s’est concrétisée dans cette partie du nouveau monde une nouvelle civilisation, qui nous est proche pour la part du tronc commun que nous avons avec elle, et qui sous d’autres aspects nous est profondément étrangère.
Mais quoi d’humain pourrait nous être vraiment étranger ?
Nos mains se rencontrent et se serrent, pour dire notre fraternité.
Claude Fuzier |
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