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L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE
 
BergouniouxJalabert385
Les Europe des socialistes
par Alain Bergounioux

A propos de Laurent Jalabert , Les socialistes et l’Europe (1958-2008), L’Encyclopédie du socialisme, 2008, 126 p, 7,50 €
Article paru dans L’OURS n°385, févier 2009

Dans cette collection de l’Encyclopédie du socialisme, qui prend de plus en plus sa place dans l’édition socialiste, après Denis Lefebvre, qui avait consacré un volume aux Socialistes et l’Europe, de la Résistance aux traités de Rome, Laurent Jalabert nous offre la suite, de 1958 à 2008, donnant ainsi une vision complète de cette question devenue, aujourd’hui, pour reprendre une expression de l’auteur, le « miroir des hésitations socialistes. »

Cet ouvrage parvient à tracer à grands traits l’évolution des attitudes socialistes vis-à-vis de la construction européenne. Et, en même temps, il insiste sur les moments clefs de cette histoire, tout particulièrement, le congrès de Bagnolet, en décembre 1973, la relance européenne de 1984, les années tournantes 1989-1992, la crise du référendum de 2005. Le recours à des citations de textes et de discours bien choisis aide à la compréhension des débats socialistes.

Le mouvement d’ensemble est clair. La SFIO a continué de porter son choix européen dans les premières années de la Ve République – appuyée par l’essentiel de la gauche non communiste. Le soutien apporté à la construction européenne permettait de mener une critique de la politique gaulliste qui a prôné fondamentalement une conception interétatique de l’avenir de l’Europe. Dès la fin des années 1960 cependant, une distance critique s’est faite jour sur une réalité européenne fondée sur les principes d’une économie libérale. Le débat – que la SFIO avait d’ailleurs connu initialement – sur la nature insuffisamment socialiste de l’Europe a ressurgi et n’a pas cessé depuis lors. François Mitterrand a fermement pris parti pour maintenir l’engagement européen dans le projet des socialistes. Mais il a dû batailler en mettant même sa démission dans la balance. La relecture des débats du congrès de Bagnolet a fait apparaître des lignes de fractures entre finalement trois grandes tendances, les partisans d’une priorité aux avancées politiques, conditions pour favoriser ensuite des politiques sociales, ceux d’une demande de réorientation sociale, devenant un préalable, ceux, enfin, d’un maintien de l’essentiel des souverainetés nationales. Le CERES de Jean-Pierre Chevènement, puis le courant qui s’est rebaptisé Socialisme et République, ont incarné ce courant jusqu’à la scission de 1993 justement sur la question européenne. Mais le débat s’est poursuivi entre les deux premières tendances.

En effet, à partir de 1983 et de la décision prise par François Mitterrand de demeurer dans le système monétaire européen, avec toutes ses conséquences, pour le maintien de la France dans une économie ouverte, l’Europe s’est installée au cœur du débat politique. Ce lien demanderait d’ailleurs à être plus mis en évidence, car la question européenne est désormais pleinement une question nationale. Le traité de Maastrich a renforcé cette réalité. On comprend dès lors mieux les fondements des déchirements qu’ont connus les socialistes en 2004 et 2005 et les hésitations actuelles sur le Traité de Lisbonne et sa ratification. Ceux-ci tiennent sans doute aux difficultés internes du Parti, mais les clivages sur l’Union européenne ne sont pas artificiels. Ils posent, dans une période de crise, les problèmes de l’identité socialiste, de son rapport au socialisme européen, et au capitalisme. C’est dire l’intérêt de l’étude de Laurent Jalabert qui suscite la réflexion en donnant leur profondeur historique aux débats actuels.
Alain Bergounioux
 

 
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