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L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE
 
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Depuis le milieu des années 1980, la « mal-aimée », cette IVe République reniée par la classe politique et longtemps dédaignée par les historiens sort du purgatoire, ainsi que son personnel politique. La SFIO et ses hommes, plus décriés que d’autres encore, intéressent la recherche. La rencontre entre une nouvelle « génération » d’historiens trop jeunes pour avoir vécu les événements et un milieu socialiste dont les préventions à l’égard d’une « histoire écrite par les vainqueurs » se lèvent enfin, l’accès à des fonds d’archives inédits, la légitimité retouvée du genre biographique en histoire, le regain d’intérêt pour des élus et leur ancrage local, sont autant d’éléments qui expliquent la multiplication des travaux les concernant. Désormais, le « panthéon » socialiste ne se réduit plus aux seuls grands anciens (Jaurès, Blum, Guesde et Vaillant), aux « marginaux » de gauche (Marceau Pivert) ou aux traîtres de droite (Marcel Déat, Pierre Laval). Après Vincent Auriol, Paul Ramadier, Guy Mollet, Daniel Mayer, Jules Moch, André Philip, Christian Pineau, aujourd’hui Max Lejeune, Tanguy Prigent et Alain Savary, pour ne parler que des ministres de la IVe font l’objet d’ouvrages – actes de colloques et biographies – de qualité. Les notices du Maitron sont ainsi en voie de prolongement.

Dans un Parti socialiste qui aimait répéter qu’il ne fait pas de « personnalité », qu’il n’a pas besoin de « surhommes mais d’hommes sûrs », la part des hommes a souvent été niée, deux ou trois mythes collectifs (Jaurès, Guesde, Blum) semblant suffire. Pourtant, comme ailleurs, elle est une des clés de l’aventure collective. En témoigne la récente thèse de Noëlline Castagnez sur le groupe parlementaire socialiste sous la IVe République. Elle montre que lors des votes importants (10 juillet 1940, CED, 13 mai 1958), des itinéraires, expériences et engagements apparemment comparables débouchent sur des votes contraires.

Les biographies, et les études « prosopographiques », apportent donc bien des éléments de compréhension essentiels. Le traumatisme de la Première Guerre mondiale chez les combattants et les « fils de tué » est connu mais le croisement des biographies des leaders socialistes enrichit la réflexion sur la nature du pacifisme de la SFIO. Certes, la Seconde Guerre mondiale joue également un rôle d’« accélérateur de carrière » mais nombre de ces nouveaux responsables étaient déjà bien implantés localement. L’attachement de ces hommes au Parti n’est pas non plus un vain mot. Les désaccords politiques prennent parfois la dimension de drames humains, de haines tenaces, bruyantes ou silencieuses. Les plus belles amitiés peuvent se briser, comme entre Guy Mollet et Tanguy Prigent et Albert Gazier. Maryvonne Prévot montre qu’Alain Savary, qui n’a pas le même rapport au Parti, peut revenir au PS en 1969 quand d’autres attendront 1971.

C’est dire si la multiplication de ces « bios » concourt à dresser le portrait du militant socialiste du siècle dernier, mais aussi de son parti, inscrit dans un territoire. Elles apportent le matériau d’une « biographie collective » qui révèle une part de cette identité socialiste.
F. C.
P.-S. : La dernière séance de notre séminaire « Socialisme » avait été consacrée à la biographie, autour de la thèse de Maryvonne Prévot sur Savary (à paraître). Nous poursuivrons nos réflexions lors d’une séance avec Noëlline Castagnez qui présentera se thèse. (renseignements à : www.lours.org)
 

 
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