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L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE |
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Krakovitch/Cayrol-Perrineau/L'OURS 417
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| | 2007-2012 : Des choix et des promesses
Roland Cayrol, Tenez enfin vos promesses. Essai sur les pathologies politiques françaises, Fayard, 2012, 213 p, 19 €
Pascal Perrineau, Le choix de Marianne. Pourquoi, pour qui votons-nous ?, Fayard, 2012, 281 p, 19 € |
| Deux politologues confirmés livrent leurs réflexions sur la prochaine présidentielle, en manifestant davantage d’inquiétude que d’optimisme sur les électeurs et les candidats.
« Dérives, errements, mensonges, une élection de la dernière chance »(expression excessive)… nos observateurs ne sont pas tendres sur le paysage politique de la France en ce début d’année 2012. L’élection présidentielle est pourtant celle qui intéresse le plus les Français et de loin, si on compare les taux de participation aux différents scrutins. Mais selon les sondages analysés par les auteurs, experts en la matière, il y a davantage de défiance que de confiance de la part de ceux qui vont, malgré tout, voter ce printemps.
Pour ou contre les réformes Si certaines analyses sont assez convenues et connues, d’autres méritent attention. Ainsi, pour Roland Cayrol, fondateur de l’institut de sondages CSA, c’est une vue de l’esprit d’affirmer que les Français sont hostiles aux réformes ; il détaille l’évolution de notre pays qui, depuis cinquante ans, s’est énormément transformé et il cite à l’appui de ses dires le sociologue Henri Mendras pour qui notre société est « la plus souple et la plus changeante en Europe occidentale ».
La tonalité est différente chez Pascal Perrineau, professeur à Sciences Po, directeur du CEVIPOF qui estime que la réforme est plus une contrainte qu’un choix et entraîne, chez les gouvernants comme chez les citoyens,« un sentiment de dépossession, une propension à la protestation et un pessimisme boudeur ». Ce pessimisme serait plus structurel que conjoncturel et causé principalement par le sentiment de la perte de puissance de la France, par la trace d’une culture révolutionnaire et aussi par une crainte de la mondialisation, davantage ancrée chez nous que chez nos voisins.
Roland Cayrol insiste sur le problème de l’égalité et de l’équité mais d’une manière qui laisse perplexe : il écrit qu’à force d’oublier l’égalité on a rendu impopulaire le mot même de réforme et que pour réhabiliter ce terme il convient de dégager le souci de justice sociale. Il ajoute que, pour y parvenir, l’équité ne suffit pas et qu’il faut « une juste contribution calculée selon les moyens et les revenus ». Mais n’est-ce pas l’esprit de l’équité qui se différencie de l’égalité formelle ? Dans un autre chapitre l’auteur cite « la discrimination positive », mais ne prend pas parti sur le sujet.
Sur le plan des institutions, Roland Cayrol demeure favorable à l’élection présidentielle mais souhaite la disparition du Premier ministre, qu’il considère comme une « absurdité ». Il défend le scrutin majoritaire, lequel permet au chef de l’Etat d’être assis sur une majorité absolue, à l’inverse de nos voisins qui utilisent la proportionnelle. Mais il semble se contredire plus loin en constatant à regret que les voix de l’extrême-droite sont chez nous indispensables à la constitution d’une majorité présidentielle de droite.
De bonnes pages sont consacrées à la critique de l’inflation des cabinets ministériels, à l’analyse des privilèges, à l’inconvénient du cumul des mandats, mais, sur ces sujets rebattus, on ne détecte pas d’apports nouveaux.
Clivages d’hier et d’aujourd’hui Pascal Perrineau s’attache à démontrer que le clivage gauche-droite est de plus en plus mis en cause, chez nous comme chez nos voisins et il analyse en ce sens les référendums européens où le oui se manifeste au centre-gauche et au centre-droit et le non aux extrêmes. De même le vote ouvrier est de plus en plus éclaté, au point de devenir « inaudible » selon l’auteur, qui rappelle les sondages montrant que 36 % de cette classe envisagent de voter pour le Front national, alors que les cadres supérieurs se rapprochent régulièrement de la gauche.
Le directeur du CEVIPOF insiste sur le débat qui oppose, en particulier à la fondation Terra Nova, ceux qui estiment que la gauche doit construire une majorité de type nouveau, assise sur les diplômés, les jeunes, les femmes, face à ceux qui soutiennent qu’elle doit revenir vers le peuple et ne pas se couper de la classe ouvrière. Il fournit également des informations intéressantes dans des domaines para-politiques. On apprend qu’en cinq ans le tiers de la population a changé de résidence et qu’en moyenne les citoyens parcourent 45 km par jour contre 5 km il y a un demi-siècle. Il note la contradiction entre le sentiment dominant des Français qui se considèrent, à plus de 80 %, assez ou très heureux dans leur vie personnelle et le désenchantement dès qu’on les interroge sur la politique.
Bilan et perspectives Le bilan de Nicolas Sarkozy est bien décrit et donc décrié, mais les auteurs ne se prononcent pas pour autant sur ses chances de réélection et se montrent circonspects vis-à-vis de François Hollande. Pascal Perrineau demande de se méfier des sondages qui concernent le président sortant et rappelle que presque chaque élection présidentielle a été marquée par une inflexion inattendue ou une surprise finale. Roland Cayrol pour sa part conclut sur le risque de populisme et sur la responsabilité qui incombe aux candidats, mais aussi aux médias, pour que l’élection s’achève dignement.
En résumé, on a affaire à deux politologues compétents qui favorisent la réflexion en apportant la leur, tout en restant prudents. Mais on quitte leurs ouvrages en estimant qu’ils sont moins fondamentaux que de circonstance.
Raymond Krakovitch
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