|
|
Nous joindre | L'OURS 12 Cité Malesherbes 75009 Paris | Tél. 01 45 55 08 60 | Pour être informé de nos activités (réunions, parutions, séminaires…), laissez nous un message électronique : | e-mail : info@lours.org |
|
|
|
|
L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE |
|
L'OURS n°307 (avril 2001)
|
L’OURS n°307 Avril 2001 Sommaire
CRITIQUE DE LIVRES Livres en bref Geneviève Brousse-Millien et Jean Millien, Edouard Millien et les résistants de 40, Editions de l’Armançon, 2000, 90 p, 100 F, 15,24 e Pascal Venesson, Politiques de défense, L’Harmattan, 2000, 346 p
Les coups de cœur de PIERRE YSMAL (a/s de André Gide, Souvenirs et voyages, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2001, 1468 p et la revue Hop ! ( 56, Boulevard Lintilhac, 15000 Aurillac))
Histoire Henri Sellier et la question urbaine, par ROBERT LINDET (a/s de Henri Sellier, Une cité pour tous, Éditions du Linteau, 1998, 268 p, 150 F, 22,87 e
Politique L’illusion critique, par ALAIN BERGOUNIOUX (a/s de Denis Collin et Jacques Cotta, L’illusion plurielle, Pourquoi la gauche n’est plus la gauche ? , J.C. Lattès, 2001, 204 p, 105 F, 16,01 e) Acteurs de la Cinquième, côté coulisses, par PIERRE YSMAL (a/s de Bruno Dive et Guillaume Tabard, Les amis de l’Hôtel de Ville, Plon, 2001, 222 p, 98 F, 14,94 e ; Yves Bonnet, De qui se moquent-ils ? , Flammarion, 2001, 466 p, 130 F, 19,82 e ; Jacques Foccard, La fin du Gaullisme, Journal de l’Elysée V 1973-1974, Fayard-Jeune Afrique, 652 p, 198 F, 30,18 e ; Hervé Bourges, De mémoire d’éléphant, Grasset, 2001, 506 p, 149 F, 22,71 e) A quoi servent encore les politiques ?, par DENIS LEFEBVRE (a/s de Vanessa Schneider, La déprime des politiques, Seuil, 2001 171 p, 98 F, 14,94 e) Une politique à l’épreuve de l’histoire, par DANIEL MITRANI ET JEAN-NOËL SORRET (a/s de Laurent Giovachini, L’armement français au XXe siècle, Editions Ellipses, 2000, 191 p, 95 F, 14,48 e
Mémoires Aventures Nivenaises, par EDOUARD BOEGLIN (a/s de Daniel Benoist, Mémoire de lui et de moi, Editions du terroir, 208 p, 96 F, 14,64 e) Les mots d’amour de Roger, par MARTINE PRADOUX (a/s de Roger Quilliot, Mémoires II, Avec Claire Quilliot, Editions Odile Jacob, 2001, 550 p, 160 F, 24,39 e)
Europe Du bon usage de la Charte des langues régionales, par PHILIPPE FOUSSIER (a/s de Yvonne Bollmann, La bataille des langues en Europe, Bartillat, 2001, 176 p, 95 F, 14,48 e)
Société L’accusateur public, par THOMAS MARLE (a/s de Arnaud Montebourg, La machine à trahir, Rapport sur le délabrement de nos institutions, Denoël, 2000, 250 p, 99 F, 15,09 e) Nostalgie cocardière et goût du doute, par JEAN-MICHEL REYNAUD (a/s de Guy Konopnicki, Pour en finir avec la France éternelle, Grasset, 2001, 268 p, 115 F, 17,53 e, et Vladimir Volkoff, Manuel du politiquement correct, Editions du Rocher, 2001, 178 p, 99, F, 15,09 e)
Médias Un demi-siècle de politique à la télévision par RAYMOND KRAKOVITCH (a/s de Edouard Sablier, La télé du Général, Editions du Rocher, 2001, 252 p, 130 F, 19,82, e et Alain Duhamel, Derrière le miroir, Les hommes politiques à la télévision, Plon, 2001, 317 p, 129 F, 19,28 e Le regard de l’historien, par FRANÇOIS LAVERGNE (a/s de Jean-Noël Jeanneney, La République a besoin d’histoire, Interventions, Seuil, 2000, 247 p, 120 F, 18,29 e)
Relations internationales Le grand malentendu américain, par JULIEN BOBOT (a/s de Vincent Jauvert, L’Amérique contre de Gaulle, Histoire secrète (1961-1969), Seuil, 2000, 279 p, 110 F, 16,77 e)
Allemagne La société allemande, de Mabuse à Hitler, par DENIS LEFEBVRE (a/s de Norbert Jacques, Docteur Mabuse, Éditions du Rocher, 2001, 291 p, 58 F, 8,84 e et Siegfried Kracauer, Les employés, Editions Avinus, 2000, 183 p, 110 F, 16,77 e)
Littérature Vorinski un écrivain soviétique, par JEAN-LOUIS PANNE (a/s de Claude Kastler, Alexandre Voronski, 1884-1943, Un bolchevik fou de littérature, Grenoble, Ellug-Université Stendhal, 2000 183 p, 140 F, 21,34 e)
CINEMA Minuit dans le jardin de nos vies et de nos morts, par JEAN-LOUIS COY (a/s de De l’histoire ancienne ,de Orso Miret, France, 2000, 2 h avec Yann Goven, Olivier Gourmet, Brigitte Catillon, Martine Audrain…)
| | L'article du mois | HENRI SELLIER ET LA QUESTION URBAINE, par Robert Lindet
a propos de HENRI SELLIER Une cité pour tous Éditions du Linteau 1998 268 p 150 F 22,87 e
Henri Sellier (1883-1943) ne fut jamais une vedette des congrès socialistes, nationaux ou internationaux, mais il fut à l’origine de la politique socialiste de la ville (si du moins celle-ci existe !), et d’une bonne part en tout cas de l’urbanisme et du logement social en banlieue parisienne. Bernard Marrey, historien de l’architecture, spécialiste de Louis Bonnier, a récemment publié un volume de textes et de documents qui permet de mieux connaître son action et les principes qui guidaient celle-ci. Des écrits de Sellier, introduits et commentés par Bernard Marrey, une biographie, une bibliographie, des photographies de cités-jardins font de cet élégant petit livre une parfaite réussite.
Ancien élève d’HEC, militant " blanquiste ", puisque formé par Édouard Vaillant et Jules-Louis Breton, deux fortes personnalités du socialisme berrichon, Henri Sellier fut surtout un élu local qui sut exploiter au maximum les ressources offertes par ses mandats.
Suresnes, laboratoire socialiste Maire de Suresnes (1919-1941), il fut aussi la personnalité dominante du conseil général de la Seine, où il était entré dès 1910, pendant toute l’entre-deux-guerres. Que la majorité du conseil pencha à droite ou à gauche, au fond, peu importait, la puissance de travail de Sellier, sa hauteur de vues, sa capacité à lier des réseaux et à coopérer avec des élus locaux d’opinions diverses comme avec l’administration lui permettaient d’exercer une influence déterminante sur l’aménagement urbain de la région parisienne. Son influence s’accrut lorsqu’il devint sénateur de la Seine (1927-1940) et ministre de la Santé publique du gouvernement de Front populaire (1936-1937), mais l’essentiel de son action se déploya au sein de l’Office d’habitations à bon marché de la Seine qu’il créa et dirigea, comme administrateur, de 1914 à 1942. Sellier voulait réaliser, il avait horreur de la démagogie et des discours vides. Pour lui le socialisme se mesurait à l’amélioration concrète, physique et morale, du sort des travailleurs, une affaire de centimètres gagnés sur le tour de poitrine des enfants, déclarait-il parfois. La lutte contre la tuberculose, pour l’hygiène, pour un logement sain, comptait infiniment plus que les résolutions de congrès. Dans le sillage d’Albert Thomas, il s’était spécialisé dans les questions urbaines, rédigeant pour " Les documents du socialisme " une brochure sur Les banlieues urbaines et la réorganisation administrative du département de la Seine, dont de larges extraits sont donnés ici. Il ne voulait pas s’enfermer dans un pragmatisme de gestion commode, même avec un " supplément social ". Sellier fondait son action sur une réflexion poussée, s’exprimant dans les revues, lisant et voyageant, créant avec Louis Bonnier un Institut des hautes études urbaines. En même temps, sa position dominante au sein du conseil général et de l’Office lui permettaient de mettre en œuvre ses projets. Les cités-jardins réalisées, du Plessis-Robinson à Suresnes et Drancy en passant par Châtenay-Malabry sont aujourd’hui saluées, voire présentées comme " l’âge d’or " du logement social en France. Pourtant, Sellier n’eut pas toujours les moyens de sa politique, surtout avec la crise des années 1930, et il fut obligé de composer sur bien des points : de nombreux équipements prirent un retard, qui n’est pas toujours comblé en 2001 (l’extension du métro en banlieue). Sellier parvenait à entraîner la majorité, même modérée, des maires et conseillers généraux de banlieue, mais rencontrait plus de difficultés avec le Sénat " conservateur " ou les pouvoirs publics. Il devait subir les cruelles limites du " poincarisme " et de son malthusianisme économique et social.
Le destin de Sellier Une cité pour tous présente d’abord les présupposés théoriques de l’action de Sellier, favorable à un développement maîtrisé et cohérent de l’agglomération parisienne, alors que bon nombre d’élus se contentaient de flatter le sentiment d’autonomie communale. Mais les procès-verbaux du conseil d’administration de l’Office permettent ensuite de prendre la mesure du travail accompli, de deviner ses cheminements et ses embûches... La question de la démocratie est sans doute la plus sensible : l’équilibre du pouvoir entre l’Office et les élus, les droits des éventuels contestataires, en l’occurrence communistes, avec lesquels les rapports s’amélioreront sous le Front populaire, et aussi parce que Sellier admirait les réalisations sociales de l’Union soviétique, ceux des locataires, qui n’allaient pas sans devoirs réciproques envers la collectivité. Peut-être est-ce à ce sujet que se nouent les ambiguïtés, ou les failles, du projet Sellier : quelle place faire à la politique ? C’est une chose de s’intéresser à la politique sociale de l’URSS, voire à celle de l’Italie fasciste, mais quel sens leur donner en l’absence de démocratie politique ? Sellier, très peu " parlementariste " d’esprit et de conception, semble de plus en plus indifférent au débat politique et finit par préconiser une République des communes (cf. l’article de Renaud Payre, " Henri Sellier et la réforme municipale en avril 1942 ", Genèses, n° 41, 2000). Ce qui était sa force, explique aussi sans doute certaines faiblesses de sa postérité historique. Faire du socialisme, c’est faire du social, mais c’est aussi faire de la politique... Robert Lindet
|
|
|
|
|
© L'OURS - 12 cité Malesherbes 75009 Paris
|
|