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L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE |
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Colloque "trahison" 14 octobe 2005
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UNIVERSITÉ DE REIMS CHAMPAGNE-ARDENNE
Journée d'Études
Traîtres et trahison dans la France contemporaine
Troyes, vendredi 14 octobre 2005 organisée par le Centre d'Études et de Recherche en Histoire Culturelle (CERHIC - EA 2616)
avec le concours de la Région Champagne-Ardenne et la Communauté de l'Agglomération Troyenne (C.A.T.)
La Journée d'Études se tiendra dans l'Amphithéâtre 1 Centre Universitaire de Troyes Hôtel-Dieu-le-Comte Place du Préau 10000 Troyes
PROGRAMME
9 h 00 : Introduction et présidence PHILIPPE BUTON, (Professeur, Université de Reims Champagne-Ardenne) 1ère demi-journée : Les cultures politiques et trahison
9 h 30 – 10 h 00 : OLIVIER DARD (Professeur, Université de Metz) Les relations entre gaullistes et OAS au miroir de la trahison 10 h 00 – 10 h 30 : GILLES MORIN (Docteur en histoire, Université de Paris I) La trahison au sein du mouvement socialiste durant la guerre 10 h 30 – 11 h 00 : SYLVAIN BOULOUQUE (Doctorant, Université de Reims) et FRANCK LIAIGRE (Doctorant, Université de Dijon) Traîtres, renégats et agents provocateurs : les listes noires du Parti communiste (1931-1945) 11 h 00 – 11 h 30 : PASCAL GIRARD (Doctorant, Institut Universitaire Européen de Florence) La trahison permanente : la 5ème colonne en France, 1944-1946 11 h 30 – 12 h 00 : Débat avec la salle.
2ème demi-journée : Le temps du procès, juger les traîtres
14 h 30 – 15 h 00 : FABRICE VIRGILI (Chargé de recherche CNRS-IHTP) Réflexions sur la trahison pendant la Seconde Guerre mondiale 15 h 00 – 15 h 30 : ANNE SIMONIN (Chargée de recherche au CNRS) Les Chambres civiques en France 15 h 30 – 16 h 00 : JULIE CHASSIN (Doctorante, Université de Caen) Les Cours de Justice en Normandie 16 h 00 – 16 h 30 : PATRICE MIANNAY (Historien) Les agents doubles durant la Seconde Guerre mondiale 16 h 30 – 17h 00 : Débat avec la salle et conclusions générales.
Contact : Françoise Kindelberger UFR des Lettres et Sciences Humaines 57, Rue Pierre Taittinger 51096 Reims Cedex Tél. : 03.26.91.36.78E-mail : francoise.kindelberger@univ-reims.fr | Argumentaire Les accusations de trahison ou l'épithète de traître abondent dans l'histoire politique ou culturelle de la France. Si elles ont déjà été les objets d'études dans le champ littéraire ou en histoire médiévale et moderne, ces notions de traître et de trahison demeurent peu abordées pour la période contemporaine. En apparence, la trahison répond à une définition simple. Elle correspond à l'abandon de la fidélité – à un individu, à une institution, à une faction, à un groupe politique,… – et a, en règle générale, comme corollaire l'abjuration, le passage à l'adversaire ou la rupture de ses anciennes solidarités, amitiés ou principes. Elle se caractérise parfois aussi par la nuisance, le préjudice subi pour le camp « trahi ». Quand elles touchent l'Etat, certaines formes de trahison sont caractérisées par des définitions juridiques plus ou moins précises. Sous cet angle, la trahison constitue un objet d'étude tangible dont la définition pénale est fondamentale. Cependant, cette définition néglige les jugements moraux des acteurs et témoins. En effet, l'accusation de trahison traduit aussi la réprobation vis-à-vis d'une action, réelle ou fantasmée, et comporte une connotation profondément négative. La trahison, aussi infime soit finalement le tort causé, est, par conséquent, très rarement revendiquée comme telle par son auteur, car en dehors de sa dimension concrète, elle a le statut d'une condamnation qui tire sa force d'un sentiment partagé, renvoyant à un système de représentations collectives. La dimension parfois exagérée ou même imaginaire, et dans tous les cas morale de l'accusation de trahison commande de dépasser le jugement de valeur qui lui donne corps, pour comprendre un objet qui, en dépit de son apparente évidence, dépend de son "lieu d'observation". Tout comme la trahison, la figure du traître est foncièrement maléfique, et elle est à ce titre un ressort théâtral ou littéraire efficace et courant. Mais le traître en question peut tout à fait se couler au sein de ses nouvelles solidarités, dans les habits de l'apostat, du renégat, voire du héros. Au total, chaque camp définit ses traîtres et structure une ou des images de la figure du traître. La trahison n'est donc pas une notion simple. Même née d'agissements bien réels, elle est en fait souvent construite et de multiples dimensions (ayant rapport tant aux faits qu'aux représentations). Bien que les sentiments qu'elle provoque semblent immédiats, ceux-ci sont en réalité portés par les cultures de groupes politiques, sociaux, religieux ou nationaux donnés. La notion de trahison est en effet la résultante de cultures politiques et de pratiques sociales. Dépendant par nature des fidélités qu'elle rompt, la trahison se plie donc non seulement aux évolutions des mentalités, mais aussi à celles du contexte politique et juridique. Il s'agit donc ici d'examiner dans cette journée d’études, plus que la notion même de trahison, le poids du contexte dans sa construction pour en dégager des conclusions et des comparaisons fructueuses. Dans cette perspective, un temps particulièrement propice à l’examen de la trahison en tant que pratique et / ou accusation, tout comme des cultures politiques qui lui donnent naissance : c'est celui de la guerre. Que dans le code pénal français contemporain, parmi les infractions considérées comme trahison, la majorité ne le soit qu'en temps de guerre démontre que même dans une société démocratique et pacifiée, le contexte d'un conflit étend automatiquement le champ de la trahison. La guerre est également le temps privilégié de la trahison dans la mesure où elle constitue alors une forme de lutte, une arme. En tant qu'accusation, c'est enfin une grille explicative efficace de situations extrêmes et imbriquées, dont l'instrumentalisation peut être dévastatrice en période de radicalisation. C'est particulièrement le cas lors des guerres civiles, guerres cruelles par essence, car elles rejettent de façon irréconciliable tout accusé hors de la communauté nationale dans le camp de l'ennemi, et pose donc la question de l'éventuelle punition ou réintégration avec une particulière acuité. C'est pourquoi, afin d'initier l'examen de l'ensemble de ces mécanismes complexes, le contexte de la guerre et en l’occurrence essentiellement celui du second conflit mondial, a été choisi comme cadre temporel de cette journée d'études. La première demi-journée sera consacrée à la trahison considérée sous un angle avant tout politique, sans que cette dimension soit exclusive des autres, en particulier la dimension nationale. A travers de l'examen de la trahison dans des contextes politiques troublés, ce qui nous intéressera particulièrement sera la reconstitution de logiques politiques des "traîtres", la construction de la notion de trahison suivant les cultures politiques et les circonstances et l'utilisation, voire l'instrumentalisation de l'accusation de trahison à des fins partisanes. Le deuxième demi-journée se concentrera surtout sur le cas de la trahison dans le cadre plus spécifiquement national de la France de la Seconde Guerre Mondiale, et au travers de l'étude de divers groupes de "traîtres" –réels ou supposés- fera une large part à la question du procès. En effet, l'accusation de trahison appelle le châtiment et en particulier –mais pas toujours- la condamnation judiciaire. Le procès ou la punition doit alors reposer sur des critères de définition du traître qui répondent au poids des enjeux, d'où un façonnement de la figure du traître qui sera l'occasion d'examiner l'incrimination, le rôle exemplaire de la punition, mais aussi dans le cas d'une période qui peut être pour partie considérée comme une guerre civile, le problème épineux de la réintégration possible dans la communauté, du pardon et de l'insensibilisation.
Au terme de discussions entre les différents participants, intervenants et assistants, cette journée d'étude se clôturera sur une synthèse visant à la fois à cerner les mécanismes de "fabrication" du traître et le poids de la situation historique dans laquelle ce processus s'inscrit. |
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