ACTUALITE
L'OURS
PUBLICATIONS
DEBATS DE L'OURS
LIVRES DIFFUSÉS
SEMINAIRE OURS
ARCHIVES BIBLIOTHEQUE
TEXTES, IMAGES, DOCUMENTS
L'OURS Signale (colloque,
LIENS UTILES
NOUS ECRIRE
 
Nous joindre
L'OURS 12 Cité Malesherbes 75009 Paris
Tél. 01 45 55 08 60
Pour être informé de nos activités (réunions, parutions, séminaires…), laissez nous un message électronique :
e-mail : info@lours.org
 
L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE
 
Dupont/Kalfon Klein Travail 386
LE TRAVAIL UNE VALEUR DE GAUCHE, par Claude Dupont

au sujet du livre de François Kalfon et Tristan Klein , Le temps de la réconciliation. La Gauche et le travail, L’encyclopédie du Socialisme, 2008, 125 p, 7,5 €

Article paru dans L’OURS, n°386, mars 2009, p. 3

Les auteurs de ce livre, petit mais dense, partent d’un constat sévère : les socialistes ont sans doute perdu la présidentielle parce qu’ils n’étaient plus en phase avec le monde du travail. Présentation.

Certaines raisons viennent de loin : incapacité de changer de paradigme, d’appréhender les transformations intervenues dans le mode de travail, difficulté congénitale à s’implanter dans les entreprises et à entretenir des rapports de proximité avec des syndicats marqués par l’anarcho-syndicalisme de leurs origines.

Ces dernières décennies, le problème s’est aggravé avec l’épanouissement d’un courant de pensée aux origines multiples qui voit dans le dépassement – voire dans la fin – du travail un préalable à la désaliénation de l’homme. En outre, les auteurs suggèrent que nombre de militants, épris de radicalité et de joutes frontales, se désinvestissaient des actions portant sur la question du travail, estimant que le terrain économique et social n’offrait plus un clivage déterminant entre la gauche et la droite, depuis le ralliement de la gauche à la reconnaissance des lois du marché, et qu’il était plus « rentable » d’agiter les nouvelles questions sociétales – PACS, émigration… – où la gauche faisait mieux sentir ses différences. Aussi, les trente-cinq heures ne rencontrèrent pas le succès attendu, moins par l’intérêt de la mesure en elle-même qu’à cause des arguments qui sous-tendaient sa mise en place, que ce soit la conception du « partage du travail » ou l’expression contestable de « société du temps libéré ».

L’intelligence tactique de Sarkozy fut de capter habilement – fût-ce au prix d’une imposture – les aspirations du salariat à privilégier la rémunération du travail par rapport à l’extension des loisirs et à souhaiter un rééquilibrage plus favorable aux revenus du travail qu’aux indemnités de l’assistance.

Mais, pour les auteurs, « le temps de la réconciliation » est venu, ne serait-ce que parce qu’en une époque de mondialisation, l’exigence d’une plus grande régulation internationale des relations économiques et sociales s’adapte naturellement à la volonté identitaire du socialisme et qu’il est aisé de montrer que le « travailler plus pour gagner plus » est, dans la compétition internationale, moins opérationnel que le « travailler tous » et le « travailler mieux » en termes de productivité du travail.

La sécurisation des parcours
Seulement encore faut-il prendre acte des évolutions. Un constat qui saute aux yeux, c’est qu’en ces temps de post-fordisme, on assiste à une forte segmentation du marché du travail, qui amplifie les phénomènes d’exclusion. Aussi, les confédérations syndicales mettent-elles de plus en plus en avant la revendication de la sécurisation des parcours professionnels. On s’intéresse beaucoup au concept de « flexicurité » cher aux Danois, qui repose sur un donnant-donnant efficace : plus de sécurité pour le salarié sur l’ensemble de sa carrière, plus de souplesse pour l’entreprise dans la gestion de la main-d’œuvre. C’est une piste intéressante, à explorer en prenant garde toutefois que la droite, dans flexicurité, lit plutôt flexibilité. Il importe aussi de tenir compte du besoin d’individualisation, qui s’exprime à ce niveau comme dans les autres domaines de l’activité humaine.

Pour mettre en place cette « sécurité sociale professionnelle », chère aux syndicats, les auteurs dégagent les cinq piliers de sécurisation : le pilier assurance-emploi ; le pilier assurance-formation ; le pilier progression salariale ; le pilier reclassement et mutations économiques ; le pilier droits sociaux. Les propositions concrètes avancées s’articulent autour de quelques grands axes.

D’abord ne jamais oublier qu’insertion professionnelle et insertion sociale vont de pair et rappeler inlassablement que le travail demeure un élément central et structurel.
D’autre part, s’il est vrai que, pour les dépenses de formation professionnelle, nous sommes au deuxième rang des pays de l’OCDE, les résultats sont loin d’être au niveau de l’investissement. Il est urgent de rendre le système plus égalitaire dans la possibilité d’accès à tous les publics, et plus cohérent en revenant sur son éclatement entre des acteurs et des logiques trop différents.

Reconnaître l’aspiration à une plus grande individualisation des parcours, c’est, entre autres, savoir assurer la transférabilité de l’ancienneté au sein des branches, favoriser la validité des acquis d’expérience, bonifier les droits en fonction de données particulières – âge, situation de l’état économique du bassin d’emploi, handicaps éventuels…

Surtout, il faut souligner la nécessité absolue d’impliquer, dans une politique coordonnée, les divers intervenants. Par exemple, le pilotage centralisé sera assuré par l’État qui doit se réengager plus résolument aux côtés de la Région, qui reste le niveau opérationnel du dispositif territorial. Mais il convient aussi d’impliquer les entreprises, à côté des pouvoirs publics, pour renforcer, comme le prévoit déjà la loi de modernisation sociale, l’obligation d’adaptation des employeurs aux évolutions de l’emploi.

Tenir compte des données actuelles de l’économie, ce n’est pas se résigner au libéralisme inégalitaire, c’est porter un message mobilisateur qui permettra à la gauche de jouer à nouveau un rôle moteur dans la défense du salariat.
Claude Dupont
Retour au sommmaire de ce n°
 

 
© L'OURS - 12 cité Malesherbes 75009 Paris