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L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE |
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Marcel Champeix
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MARCEL CHAMPEIX (1902-1994)
Fidèle ami du Centre et Guy Mollet et de l'OURS depuis leur création, Marcel Champeix est décédé le 7 mars 1994 à l’âge de 92 ans.
Né à Masseret, en Corrèze, le 31 mars 1902, il a baigné très jeune dans la politique, puisque son père a été pendant près de trente ans conseiller général du canton d'Uzerche. Il restera toujours fidèle à son petit village, dont il sera maire pendant près de quarante ans.
Militant socialiste corrézien Militant socialiste depuis 1924, profondément marqué par Charles Spinasse, à l'époque grande figure du socialisme corrézien, il est instituteur dans sa commune natale. Le militant politique est aussi, dans la tradition de l'époque, un militant syndical, membre de l'union départementale de la CGT. Ses camarades socialistes le présentent aux élections législatives en 1936. Il est battu de peu par un radical, Jaubert. Son engagement antifasciste du début des années trente le conduit tout naturellement à entrer dans la Résistance. Il est arrêté dans une imprimerie de Lyon, puis déporté à Loïbl-Pass, dépendant de Mathausen. L’homme, encore jeune, est déjà reconnu par ses amis et camarades : aux élections municipales de 1945, il est élu premier magistrat de Masseret alors qu’il n'est pas encore rentré d'Allemagne, et qu'on est sans nouvelles de lui. Les lendemains de la guerre lui offrent l’occasion d’acquérir une dimension nationale. Le voici successivement membre des deux assemblées constituantes, en 1945 et 1946, conseiller de la République la même année, puis sénateur en novembre 1948. A partir de 1959, il deviendra président du Groupe socialiste du Sénat, poste qu'il occupe jusqu'en 1980, année qui voit sa défaite lors du renouvellement de son mandat de membre de la Haute Assemblée. Il sera aussi membre des gouvernements Guy Mollet et Maurice Bourgès-Maunoury, entre janvier 1956 et octobre 1957, chargé du délicat et douloureux dossier de l’Algérie. On le verra aussi membre du conseil consultatif constitutionnel. Jamais, pour autant, il n'oubliera sa Corrèze natale, conseiller général jusqu'en 1973, membre de la Commission de développement économique régionale du Limousin dès 1964, fondateur et président dès 1965 de l'Association amicale des maires du département, ou encore vice-président dès 1974 du Conseil régional du Limousin. Homme de conviction, il fut très proche de Guy Mollet, dont il partagea tous les combats à la SFIO puis au PS. Il aida l’OURS dès ses débuts, membre du conseil d’administration de cette association pendant de nombreuses années. Marcel Champeix avait commencé il y a quelques années à déposer ses archives à l'OURS. Ses proches ont continué après son décès. Cet ensemble, en cours de classement, enrichit notablement nos fonds, et illustre les multiples activités de Marcel. Il apporte aussi des éclairages intéressants sur ses méthodes de travail. Prenons quelques exemples. Homme né sous la Troisième République, formé par les "Hussards noirs" de l'école primaire puis de l'école normale, l'homme travaillait avec minutie. Pour certains événements marquants, il se constituait des dossiers, des argumentaires précis, utilisés pour rédiger des articles, ou à l'occasion de réunions. Celui réalisé sur la célèbre CED -Communauté Européenne de Défense, qu'il défendait- est un modèle du genre, composé de nombreuses fiches manuscrites : les communistes, les gaullistes, l'indépendance nationale, etc. Il avait bien d'autres dossiers sur le modèle. Ses voyages à l'étranger lui offraient aussi l'occasion de rédiger des notes, puis des synthèses. Ainsi en 1963, pendant le voyage d'une délégation socialiste, conduite par Guy Mollet, en URSS. Chaque rencontre entraîne une note : le 31 octobre au Comité Central de Biélorussie, puis au Kolkhoze "Gastelo", près de Minsk ; le 2 novembre, au Bureau des statistiques agricoles, etc. Après une promenade dans les environs de Moscou, il écrit par exemple : "Les villages qui restent ont un peu l'aspect de bidonvilles. A noter le nombre important d'antennes de télévision, même sur les plus pauvres masures. Prix télé réduit, mais aussi : moyen de propagande et de mise en condition". Dès son retour en France, le "pédago" qu'il fut dans sa jeunesse refait surface, puisqu'il multiplie les articles et les conférences, à Brive et ailleurs. Nous publierons dès que possible ces notes, à l'occasion d'un numéro de notre Bulletin consacré aux socialistes et à l'URSS. Depuis plusieurs années, Marcel s’était retiré dans "sa" Corrèze, qu’il ne quittait plus guère, tandis que sa santé déclinait lentement. Il ne pouvait plus guère communiquer avec ses amis, bavarder, lire : il en a souffert. Mais jusqu’au bout, il est resté fidèle à son engagement socialiste, le vivant au quotidien. L’homme, le militant Marcel Champeix étaient chaleureux, d’une chaleur empreinte de distinction, de culture, d’humanisme, de courtoisie et de bonté, peu conforme au portrait qu’a tracé de lui Le Monde du 9 mars 1994 dans un article signalant son décès : Marcel Champeix ne promena pas « sa truculence dans les joutes électorales de trois Républiques ». Ceux qui l’ont connu regretteront cette méconnaissance. Comme beaucoup d’hommes d’action, Marcel Champeix a peu écrit tout au long de sa longue carrière d’homme politique, si ce n’est des articles dans la presse socialiste nationale ou de sa région d’origine. Depuis la seconde guerre mondiale au moins, il «taquinait» cependant la muse. Il avait publié il y a quelques années une plaquette de poésies. Comment ne pas la feuilleter aujourd’hui, pour en extraire ce quatrain ...
Que ceux qui m'ont aimé gardent une pensée Chargée de sympathie, non de peine insensée J'emporterai, en moi, de tous, le souvenir ; Qu'il soit doux à mon âme au moment de mourir. J’emporterai, en moi, de tous, le souvenir ; Qu’il soit doux à mon âme au moment de mourir.
Nous aimions Marcel Champeix, qui nous a quittés. Cet homme libre repose désormais à l’abri du granit limousin, et de nombreux amis ont tenu à assister à ses obsèques civiles. Il reste présent en nous.
Denis Lefebvre (article paru dans le Bulletin du Centre Guy Mollet, n° 23 juillet 1994) |
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