Ce livre est né d’un colloque tenu en 2015 intitulé « la question berbère après la colonisation » et complétée par de nombreux articles sur revenant sur la place des Berbères dans l’histoire avant la colonisation. A propos de Pierre Vermeren (sous la dir.) Comment peut-on être Berbère ? Amnésie, renaissance, soulèvements, Riveneuve, 2022, 420 p, 26 €
L’ouvrage étudie la place et le statut des peuples à travers le Maghreb, les Berbères, du Maroc jusqu’à la Libye, attestant de la plus ancienne présence humaine en Afrique du Nord. Il s’interroge sur la complicité entre le nationalisme arabe et la présence coloniale pour gommer la spécificité de ces peuples dans l’arc méditerranéen. Le premier a voulu unifier des nations aux origines différentes alors que le second, après avoir utilisé les Berbères, les a délibérément oubliés. Depuis les indépendances – voire même dans les mouvements de libération nationale – les Berbères ont failli sombrer dans l’oubli.
Cependant les contributeurs rappellent que de Rabat à Tunis et surtout à Alger, les capitales maghrébines ont été secouées par des soulèvements, de la crise berbériste dans le Mouvement national algérien (MNA) à celle du Front de libération nationale (FLN),entre 1936 et 1956 puis en 1980 avec le printemps kabyle et pendant la guerre civile en Algérie dans les années 1990. Les universitaires français, de Pierre Bourdieu à René Gallissot, ont tout fait pour rappeler la particularité de la berbérité.
La question berbère a réapparu lors des printemps arabes de 2011, posant la question du statut des minorités nationales. Les Berbères par leur histoire représentent une des formes de résistance d’abord à la colonisation puis aux nationalismes unificateurs et destructeurs des cultures locales et, enfin, à l’expansion de l’islamisme.
L’ensemble des communications permettent d’interroger le présent à la lueur du passé.
Sylvain Boulouque