À propos de Benjamin Levy, L’ère de la revendication. Manifester et débattre en démocratie, Flammarion, 2022, 314p, 19€
Benjamin Levy étudie les nouvelles formes de mobilisation et de revendication en les interprétant à partir d’une lecture freudienne. Il y distingue les mobilisations joyeuses qui demeurent des apports aux débats démocratiques, comme celle sur le climat ou pour les minorités sexuelles, des passions tristes et mortifères qu’animent les revendications meurtrières.
Mais, selon l’auteur, toutes les formes de mobilisation reposent sur un sentiment initial de frustration aboutissant à un sentiment revanchard qui se fonde sur le sentiment victimaire favorisant la paranoïa des acteurs allant, pour faire vite, de Donald Trump aux délires complotistes qui ont pu fleurir dans le mouvement des gilets jaunes par exemple voire dans certains cas jusqu’à l’engagement djihadiste. Dans tous ces cas, les communautés ou les individus seraient à la recherche d’une pureté mythique et originelle, favorisant la création de « horde », qui rejoint les phénomènes sectaires.
La thèse mérite débat, car si les analyses sont souvent marquées par le bon sens, le lecteur peut se demander en quoi ces phénomènes sont contemporains, ils pourraient être appliqués à toutes les formes d’engagement, leur dimension sacrificielle semblant aussi ancienne que les paroles bibliques comme l’indique Freud dans son Malaise dans la civilisation…
Sylvain Boulouque