Après « Le(s) monde(s) du travail1 » en 2012 et « Le travail en relations2 » en 2014, ce nouveau dossier coordonné par Florent Le Bot propose de changer d’échelle et d’explorer les mutations du travail dans une perspective internationale et transnationale.
L’OURS hors-série Recherche socialiste n°72-73, juillet-décembre 2015, 172 p, 15€
Sommaire
Alain Bergounioux, Avant-propos
L’événement : Le travail globalisé
Florent Le Bot, La fin du travail, ou autres illusions du « monde d’après »
Pascale Gérard, Le compte personnel d’activité : un pas de plus vers la sécurité sociale professionnelle
Vincent Gay et Anton Perdoncin, Les luttes de travailleurs immigrés dans la désindustrialisation. Analyse croisée des industries houillère et automobile en France
Pauline Barraud de Lagerie, Faut-il sonner le glas de l’audit social ? Essor et critique d’un dispositif privé de régulation des conditions de travail
Laurent Bazin et Monique Selim, Quelle anthropologie dans les sciences sociales du travail ? Au prisme de l’État et des normes sexuelles de travail en Chine et en Algérie
Hiromasa Suzuki, Le travail en équipe dans les entreprises japonaises : une organisation du travail souple
Notes de lecture
Christian Chevandier, Le peuple des sociologues
Cédric Perrin, Bourdieu et le travail
Florent Le Bot, Ouvrières
Histoires socialistes
Julien Chuzeville, La fédération socialiste du Gers et la scission du congrès de Tours
Antoine Rensonnet, Le Parti socialiste en Haute-Normandie : Des structures épinayennes à l’organisation fabiusienne (1971-2004). Evolution électorale et développement partisan
Isabelle Clavel, La SFIO et le MRP, partis réformistes de la IVe République (1944-1958). Acculturations républicaines
Débat
Joseph Pinard, Après la partielle du Doubs : et si on prenait du recul ?
Note de lecture
Robert Chapuis, Les vies de François Mitterrand (à propos du livre de Éric Roussel, François Mitterrand, de l’intime au politique, Robert Laffont, 2015)
Document : Discours à la remise de la Grand-Croix de la Légion d’honneur à Michel Rocard, 9 octobre 2015
Alain Bergounioux, Michel Rocard, rêveur idéaliste, réformiste radical
François Hollande, Président de la République
MICHEL ROCARD
In memoriam
Alain Millot
Avant-porpos, d’Alain Bergounioux
Chercheur en histoire économique, enseignant à l’université d’Évry-Val d’Essonne, Florent Le Bot, comme dans les précédents dossiers, a sollicité des historiens, des sociologues, des anthropologues et des responsables politiques. À partir de cas concrets, les études proposées interrogent les relations de travail et les rapports au travail dans des pays (Chine, Japon, Algérie, France, etc.) aux structures sociales et aux cultures hiérarchiques diverses où, par exemple, l’évolution de la place des femmes au travail ou encore les questions migratoires ou enfin les chaînes globales de production bousculent les sociétés. La manière insidieuse dont le monde en réseaux en déploiement vise à transférer sur les individus la mise à disposition de leur temps pour s’adapter aux « tâches » qu’ils peuvent remplir – et avec, plus ou moins, leur consentement au nom d’une « autonomie » qui les rendrait plus libre –, rompt des équilibres précaires, et fragilise tout un édifice de protections sociales arrachées de hautes luttes. En basculant dans cette direction, c’est bien la question du sens du travail et du vivre ensemble qui est posée à l’individu-consommateur que le consentement à ces modes de relations isole et rend plus vulnérable, plus fragile. Il s’agit de coups de projecteurs dans les études ou les critiques d’ouvrages ici rassemblées, mais comme le note Florent Le Bot dans son introduction, ces différentes approches, dans leur temporalité propre, signalent la place toujours structurante du travail et l’importance des liens collectifs qu’il noue dans les sociétés. Raison de plus pour ne pas se laisser fasciner par les nouvelles technologies et pour en discuter les usages et les conséquences.
Implantation socialiste et réformisme
En novembre 2015, trois thèses qui renouvellent nos connaissances sur l’histoire du Parti socialiste ont été soutenues, brillamment. Antoine Rensonnet, qui a réalisé un important travail sur l’implantation du socialisme en Haute-Normandie de 1971 à 2004 et Isabelle Clavel, qui interroge le réformisme de la SFIO et du MRP sous la IVe République, nous présentent ici les principaux résultats de leurs thèses. Dans notre prochain numéro, Matthieu Tracol exposera les principaux enseignements de sa thèse sur la politique sociale du gouvernement Mauroy (1981-1984). Nous publions également une étude stimulante de Julien Chuzeville sur la scission de 1920 dans la petite fédération socialiste du Gers, où la sociabilité militante retarde la rupture des liens entre socialistes et communistes.
Dans la partie « Débat » Joseph Pinard, historien et ancien député du Doubs, discute la manière dont a été analysée la percée du Front national dans la 4e circonscription du Doubs en février 2015. À la veille du centenaire de la naissance de François Mitterrand et du vingtième anniversaire de son décès, Robert Chapuis revient plus longuement que dans L’OURS de décembre (n°453) sur l’importante biographie que lui a consacré Éric Roussel.
Le document de ce numéro est original puisque très récent. Il s’agit des discours de François Hollande et de Michel Rocard lors de la remise de la Grand-Croix de la Légion d’honneur par le président de la République en octobre 2015 à ce dernier. Des extraits ont été publiés dans la presse mais il nous a paru intéressant et important de les publier dans leur intégralité. Le retour sur le parcours de Michel Rocard, et les perspectives qu’il trace, intéressent à la fois la mémoire, l’actualité et l’avenir du socialisme.
Alain Bergounioux