L’OURS hors-série Recherche socialiste · n°100-101 · décembre 2022 – 180 p – 16 € (port compris)
Avant propos : La République revisitée
Le mot de République se plie aujourd’hui à bien des usages. Elle est invoquée (presque) de tous les côtés. Mais elle ne revêt pas le même sens selon les utilisateurs. La République de Marine Le Pen n’est pas celle de Jean-Luc Mélenchon ! On sait, aussi, que le débat est vif à gauche entre les partis et au sein des partis. Régis Debray, hier, avait opposé les « républicains » et les « démocrates ». Nous voulons, dans ce dossier, y voir plus clair pour contribuer à donner, en quelque sorte, « des mots plus purs à la tribu »… Pour cela, il faut se garder d’essentialiser la République, d’en faire une entité définie une fois pour toutes. Il faut avoir en tête ses principes, mais comprendre, également, les évolutions et les adaptations qui se sont produites au fil du temps depuis 1792, date de la proclamation de la Ière République.
Cela rend compte de la démarche de notre propos, après une mise en pers- pective historique du « socialisme républicain », partir des fondements de l’idée républicaine avec, particulièrement, les caractères de notre laïcité, analyser quelques grands domaines d’action, l’école, évidemment, la sécurité, envisager les défis nouveaux, par rapport à la période fondatrice, l’immigration, la mutation de l’espace public, s’interroger sur le sens de la « République sociale ». Des entretiens, avec Vincent Peillon, ancien ministre de l’Éducation nationale, qui a consacré plusieurs travaux à l’enchevêtrement du socialisme et de la République, Laurent Joffrin, qui a dirigé plusieurs titres dans la presse de gauche, et avec Elsa Faucillon, députée des Hauts- de-Seine (groupe Gauche démocrate et républicaine – NUPES) viennent compléter les études rassemblées dans ces pages.
Il faudrait, certes, pousser les réflexions plus loin, notamment s’agissant de la place de l’Europe et du monde dans lequel s’inscrit notre République. Mais, de tout cela, nous retirons une conviction. La République, comme Jean Jaurès l’avait fortement affirmé, est le cadre de toute action réellement, réformatrice. La République, après des tâtonnements historiques, veut unir à la fois la recherche d’un bien commun – de l’intérêt général autrement dit – et la défense des grandes libertés individuelles et collectives. C’est donc un équilibre toujours à défendre et à améliorer. Claude Nicolet, dans son grand livre de 1982, rappelait justement que la République était, avant tout, une « idée », pour ne pas dire un idéal. Jean Jaurès le disait autre- ment en précisant qu’elle n’était pas un « dogme », mais une « méthode ».
C’est dire qu’elle est un mouvement à continuer. Nous savons que la République a eu ses « angles morts » hier, la colonisation, la difficile égalité entre les sexes, les contradictions d’un « dualisme » social dans l’école etc., et qu’elle en a encore aujourd’hui. Mais les progrès ont été notables et concrets depuis 1792… Il y a des tensions à l’intérieur même de l’idée républicaine. L’essentiel est d’en prendre conscience et d’avoir la volonté de les réduire.
Dans la partie Histoire(s) de ce numéro, nous publions deux articles adressés directement à la rédaction. Ils font émerger, à partir de sources nouvelles, ou de documents, des acteurs bien souvent oubliés et des aspects importants de l’histoire des mouvements socialiste et communiste. Un dernier article, plus anecdotique, apporte un regard en coin sur un moment de notre vie parlementaire. L’Ours.
SOMMAIRE
Introduction
p. 7 – Milo Lévy-Bruhl, République et socialisme, au-delà du nouage
Les fondements
p. 15 – Vincent Duclert, 2013-2023 : penser avec Pierre Mendès France, Raymond Aron et Claude Nicolet
p. 27 – Christophe Prochasson , Vingt ans après, retour sur un modèle imaginaire
p. 35 – Alain Bergounioux, L’école, lieu de la promesse républicaine
p. 45 – Bruno Poucet, La laïcité républicaine
p. 55 – Entretien avec Vincent Peillon, « Réaffirmons notre conception du socialisme républicain »
Les problèmes
p. 65 – Jérémy Guedj , République et immigration : quand les valeurs culturelles le disputent au modèle politique
p. 73 – Christian Chevandier, Police(s) et ordre en République
p. 85 – Iannis Roder, Les jeunes et la République : une défiance croissante
p. 99 – Entretien avec Elsa Faucillon, « Pour une république fraternelle »
Les nouveaux défis
p. 103 – MarionFontaine, La République sociale au XXIe siècle
p. 111 – Jean-Louis Missika, Le nouveau régime médiatique : un danger mortel pour la République
p. 121 – Timothée Duverger et Thierry Germain, L’écologie solidaire
p. 129 –Benjamin Morel, Réinventer les institutions républicaines
p. 199 –Entretien avec Laurent Joffrin « La République ne peut-être qu’une promesse »
Histoire(s)
p. 145 –Jean-Louis Panné, Sur le ralliement d’Alexandra Kollontaï à Staline
p. 151 –François Ferrrette, Georges Gaye et la fédération socialiste de Gironde (1915-1921). Du pacifisme au communisme
p. 171 – FrédéricCépède, Aérer le Palais-Bourbon…
In memoriam
p. 177 – Jean Battut, Jean-Marcel Bichat, Roger Hontebeyrie, Freddy Martin-Rosset
L’OURS hors-série Recherche socialiste · n°100-101 · décembre 2022 – 180 p – 16 € (port compris)
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