Attribué tous les deux ans, le prix Mallet qui couronne un travail d’histoire de l’éducation a été décerné une première fois en 2015 à Mme Thuy Phuong NGUYEN (Paris V), pour sa thèse, « L’école française au Vietnam (1945-1975 : de la mission civilisatrice à la diplomatie culturelle» (publiée en 2017, Ed. Encrage). Le Prix 2017 (2e édition, 3000 €) a été attribué à Mme Solenn HUITRIC (ENS de Lyon) pour son travail intitulé : “Transformer les collèges communaux en lycée. La production d’une action publique (1830-1880)”. Un appel à candidature pour l’éditions 2019 est lancé. Voir conditions ci-dessous.
Prix de Thèse Robert MALLET Edition 2019
Règlement du prix
Article 1 : Objet
Le prix Robert Mallet, créé en 2014 par le recteur de l’académie d’Amiens, est destiné à favoriser les travaux de recherches sur l’histoire de l’éducation. Ce prix est décerné par l’académie d’Amiens tous les deux ans.
Article 2 : Récompense du prix
Le prix « Robert Mallet » est décerné au lauréat(e) désigné(e) par le jury dans les conditions définies ci-après et est assorti d’une participation à la publication de la thèse de doctorat du lauréat à un éditeur implanté de préférence dans l’académie d’Amiens ou dans les Hauts-de-France, pour une valeur de 3 000 € (trois mille euros).
Le manuscrit remis à l’éditeur ne devra pas dépasser les 700 000 signes.
Le versement par le rectorat de l’académie d’Amiens à l’éditeur choisi devra intervenir dans les 2 ans qui suivent l’attribution du prix. Chaque membre du jury recevra un exemplaire de la thèse publiée.
Article 3– candidatures
Peut faire acte de candidature tout étudiant(e) soutenant, dans une université française avant le 31 décembre de l’année précédant celle au titre de laquelle le prix est remis, une thèse portant sur un sujet d’histoire de l’éducation, quelle que soit la période et l’aire géographique considérées.
Le candidat (e) doit adresser un document d’une page où figure un bref CV, le nom de l’université de soutenance, la composition du jury, un résumé de la thèse et, dans la mesure où c’est possible, le rapport du jury et ce au plus tard le 15 octobre 2019 par courriel à l’adresse suivante bruno.poucet@u-picardie.fr
Tout dossier déposé après la date indiquée ci-dessus ou incomplet sera irrecevable.
Une fois la recevabilité du dossier examinée par le président, le vice-président et le secrétaire du jury désignés à l’article 4, les candidats seront invités à adresser deux exemplaires de leur thèse, imprimée de préférence en recto- verso, aux deux rapporteurs désignés à chaque candidat(e).
Quel que soit le résultat du prix, ces exemplaires ne seront pas retournés aux candidats.
Un candidat à une précédente édition du prix ne peut représenter sa candidature.
Article 4 : composition et fonctionnement du jury
Les candidatures sont examinées par un jury composé de neuf à onze membres, désignés par le recteur sur proposition des membres fondateurs à la création du prix, originaires de l’académie d’Amiens.
Les membres du jury sont nommés pour une durée de 4 ans par le recteur. En cas de démission ou d’inaptitude définitive, ils sont remplacés sur proposition des membres fondateurs.
Le recteur est président d’honneur de ce jury. Il n’a pas voix délibérative.
Le jury désigne parmi ses membres, un président, un vice-président et un secrétaire.
Article 5 : examen des candidatures et modalités d’attribution du prix
Chaque thèse est examinée par deux membres du jury qui rédigent un rapport soumis à la discussion de l’ensemble des membres du jury.
Le jury prend souverainement ses décisions par un vote secret à la majorité absolue. Ses décisions sont sans appel.
Article 6 : engagement des candidats
Tout participant reconnaît avoir pris connaissance du présent règlement et en accepte les dispositions. COMPOSITION DES MEMBRES DU JURY
Membres fondateurs : Ismaïl Ferhat, Claude Lelièvre (vice-président), Bruno Poucet (secrétaire), Julien Cahon.
Autres membres : Clémence Cardon-Quint ,Véronique Castagnet, Jean-François Condette, Marguerite Figeac, Jean-Noël Luc, Antoine Prost (président), Marianne Thivend.
Pour en savoir plus : https://educaref.hypotheses.org/
POUR ALLER PLUS LOIN :
Les engagements du recteur Mallet, par ROBERT CHAPUIS (à propos du livre de Bruno Poucet (dir.), Robert Mallet, Poète, recteur et homme d’engagements, Amiens, Encrage, 2017, 224p, 29€)
Professeur en Sciences de l’Education à l’Université de Picardie Jules Verne, Bruno Poucet (que nos lecteurs connaissent bien) était particulièrement qualifié pour diriger un ouvrage en l’honneur de Robert Mallet, nommé en 1964, recteur de l’académie d’Amiens.
Le livre réunit avec lui une quinzaine de contributeurs qui ont voulu célébrer en 2014 le cinquantième anniversaire de cette nomination qui était aussi celui de la recréation de cette académie.
C’est en 1964 en effet que l’académie d’Amiens s’est détachée de celle de Lille, comme Rouen de celle de Caen. Il s’agissait alors de correspondre à l’effort engagé par le gouvernement gaulliste pour définir de grandes régions de programme. Un préfet de région était désigné et un comité de développement économique régional (CODER) était installé à ses côtés. Il convenait que l’Université s’adapte à cette nouvelle configuration. L’académie d’Amiens supprimée en 1854 refaisait ainsi surface. Pour cette relance, on a choisi un homme de lettres qui avait acquis outre-mer une expérience universitaire.
Robert Mallet né à Paris en 1915 connaissait la Picardie dont son père, un brillant avocat, était originaire. Il y passait ses vacances, dans la région d’Abbeville, et en aimait l’histoire et le patrimoine. Il y est d’ailleurs enterré. Si Robert Mallet a fait des études de droit, encouragé par son père, il s’intéressait surtout aux lettres. Attiré par la poésie, notamment celle de Francis Jammes, poète lui-même, il a fréquenté la NRF et travaillé pour Gallimard ou l’ORTF. L’ouvrage rappelle ses entretiens radiophoniques en 1962 avec Jean Paulhan sur son séjour à Madagascar après ceux avec Paul Léautaud l’année précédente. La troisième partie du livre est consacrée à ses « écritures » : un essai sur la mort de Gide, trois romans et plusieurs recueils de poésie où il exprime sa blessure intérieure face à un absolu inateignable. La seconde partie évoque ses engagements au sein de la société picarde et dans une vision mondialiste qu’il développe à travers la création d’un Mouvement Universel pour la Responsabilité Scientifique (MURS). Mais l’ouvrage est surtout consacré – c’est la première partie – à sa carrière de recteur.
Il approche alors de la cinquantaine. Avec l’appui de Michel Alliot (qui sera plus tard aux côtés d’Edgar Faure), il s’oriente tardivement vers une carrière universitaire qu’il souhaite accomplir outre-mer : il est envoyé à Madagascar en 1959 pour créer une chaire de littérature française. Il reste cinq ans à Tananarive où il devient doyen de la faculté de lettres. En 1964, il accepte de venir recréer à Amiens, une Académie, ce qui le conduit à être tout à la fois un administrateur, un acteur pédagogique et un « chancelier des universités » fort apprécié. En mars 68, il accueille à Amiens un colloque organisé par l’Association d’Etudes pour l’Expansion de la Recherche Scientifique (AEERS) présidée par le professeur Lichnerowicz. Il réunit toutes les forces novatrices de l’Education Nationale. Mendès France y intervient et les travaux donnent lieu à des rapports et des débats essentiels sur la formation des maîtres, la recherche en éducation et une nouvelle relation entre le maître et l’élève. Deux mois plus tard, l’actualité se chargera de donner tout son sens à ce travail. La réussite de Robert Mallet dans sa conduite de l’académie d’Amiens convainc Edgar Faure de le mettre en 1969 à la tête de l’académie de Paris où il restera jusqu’à son retrait en 1980 sous Alice Saunier-Seïté. Il saura appliquer la loi Edgar Faure à l’enseignement scolaire, mais surtout à l’enseignement supérieur où il choisira de déléguer l’essentiel des pouvoirs aux présidents des nouvelles universités.
Sous l’impulsion de Bruno Poucet, l’ouvrage ne se limite pas à l’évocation du personnage qu’était Robert Mallet, il sert de point d’appui à des articles fort intéressants sur l’évolution de l’Education Nationale : l’histoire du Rectorat, une invention typiquement française, la mutation de l’enseignement scolaire dans les années 60, la création des nouvelles universités, la relation entre l’Etat et les structures locales. De bons spécialistes, picards, mais aussi d’autres universités (Claude Lelièvre, Charles Mercier…) fournissent une information utile et réfléchie.
Ainsi Robert Mallet continue-t-il de servir la cause de l’Education Nationale à travers ce qui n’est pas seulement une biographie mais un document de référence.
Robert Chapuis
Article paru dans L’OURS n°477, avril 2018.