Le visiteur de cette exposition très dense est saisi d’entrée par la galerie de photographies de sportives et de sportifs de toutes disciplines, saisis debout, au repos, face à l’objectif, en sous-vêtements blancs. La variété des corps illustre comme une évidence que tous les individus peuvent s’épanouir dans et par le sport, et qu’il n’y a pas d’archétype du sportif. (a/s de « Olympisme, une histoire du monde », Palais de la Porte Dorée, 293 Av. Daumesnil, 75012 Paris, du 26 avril au 8 septembre 2024. Voir le site dédié https://www.palais-portedoree.fr/olympisme-une-histoire-du-monde
Avec cette galerie de corps d’athlètes, une première distance est posée avec l’imaginaire des JO associé aux corps parfaits des statues grecs.
Parcours chronologique
Le parcours chronologique proposé par les commissaires de l’exposition – à forte dominante historienne#1 – part des premiers JO d’Athènes en 1896 pour nous emmener avec des arrêts sur chacune des 33 étapes qui le jalonnent aux Jeux olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Ces étapes s’insèrent dans des différentes périodes marquées par le contexte et les conditions politiques et géopolitiques qui interfèrent sur leur déroulement. 1896-1919 : le (re)naissance de l’olympisme et la constitution du Comité international olympique autour de Pierre de Coubertin. 1920-1944 : l’idéal olympique au temps des nationalismes, avec en point d’orgue en 1936 les jeux de Berlin et l’échec des contre-jeux de Barcelone rattrapés par la guerre civile. 1944-1968 : Guerre froide et décolonisation. 1968-1988 : Vers un monde olympique multipolaire. 1988-2008 : Un nouveau siècle olympique 2012-2024 : Olympisme et société aujourd’hui. Les Jeux de demain ? On y retrouve illustrées d’une multitudes de documents (affiches, tracts drapeaux, objets, vêtements, journaux, livres, photographies, films, vidéos…) toutes les questions soulevées dans l’entretien que nous a accordé Fabien Archambault dans le précédent numéro de L’ours.
Exploits
En fait, et heureusement pour un public moins porté sur la géopolitique, le titre de l’exposition ne rend pas compte de la place importante accordée aux exploits des sportives et de sportifs lors de ces compétitions. L’affiche d’ailleurs rappelle ceux de Jesse Owens3 à Berlin en 1936. Alors difficile de citer ici tous ces athlètes parfois sortis de l’oubli présentés à la Porte Dorée qui ont fait s’enthousiasmer des millions de personnes à travers le monde dans différents sports, ou de pointer des absent.es (à l’instar du sauteur en hauteur français Pierre Lewden, médaillé de bronze aux jeux de Paris il y a 100 ans), mais avouons avoir été capté, comme beaucoup, par le film de l’exploit du marathonien éthiopien Abebe Bikila, premier Africain noir champion olympique, courant pieds nus dans Rome en 1960.
François Lavergne
L’ours n°536 juillet-août 2024.
1 – Historien.nes : Nicolas Bancel, Pascal Blanchard, Yvan Gastaut, Sandrine Lemaire, Stéphane Mourlane. Conservateur.trice.s : Sébastien Gökalp, Élisabeth Jolys-Shimells.
2 – Le catalogue, catégorie poids lourd, de l’exposition (Olympisme, Une histoire du monde. Des premiers jeux olympiques d’Athènes 1896 aux jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Éditions de La Martinière, 576 p, 65 €) contient plus de 1000 images.
3 – Signalons à propos de Jesse Owens, l’excellente biographie que vient de lui consacrer l’écrivain et philosophe Alain Foix (Folio biographie, inédit, 2024, 278p, F9, 9,90€)