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Post scriptum à l’article « Italie, une étrange gauche », par Marc Lazar

Depuis la rédaction de mon article au mois de juin dernier, la situation politique en Italie a subitement et profondément changé. Ne disposant plus de la confiance au Sénat, Mario Draghi a présenté le 21 juillet sa démission de la Présidence du Conseil, ce qui a entrainé la dissolution des Chambres par le Président de la République et l’organisation des élections pour le 25 septembre.
En attendant Mario Draghi expédie les affaires courantes. Le centre droit, en dépit de divergences importantes, s’est rapidement uni et mis en ordre de bataille d’autant que les sondages lui prédisent une large victoire. La gauche, elle, se retrouve en grande difficulté. Ces élections anticipées ont interrompu le processus d’aggiornamento du PD et contraint celui-ci à élaborer dans l’urgence une stratégie en vue du scrutin. Le Mouvement 5 étoiles ayant contribué à l’éviction de Mario Draghi, Enrico Letta a refusé toute hypothèse d’alliance avec lui. Dans un premier temps, il a conclu une alliance avec un représentant du centre, Carlo Calenda, fondée sur un programme associant des mesures sociales et sociétales du PD et la poursuite de l’action amorcée par Mario Draghi. Cela a mécontenté la gauche du parti favorable à une union avec Sinistra italiana, un petit parti de la gauche de la gauche, les Verts, voire avec le M5S. Letta a réussi ensuite à trouver un accord électoral avec les deux premiers partis, rejeté immédiatement par Calenda qui a dénoncé son entente avec le PD pour se présenter, avec la formation de Matteo Renzi, devant les électeurs en tant que « Troisième pôle ». Le PD se retrouve maintenant plutôt déporté vers la gauche, ce qui déplait à sa composante réformiste et modérée.

Bref, le PD apparaît plus divisé que jamais. Le subtil jeu d’équilibre qu’avait tenté Enrico Letta, lui-même profondément réformiste, entre les deux grandes sensibilités de son parti est rompu. C’est dire qu’en cas de défaite le 25 septembre, plus que probable, il risque de se retrouver sur la sellette. Son seul espoir est que le PD soit, dans la partie proportionnelle du scrutin, le premier parti devant Frères d’Italie, ce qui atténuerait la pilule amère de la défaite. Il n’en demeure pas moins que le PD devra, de nouveau, repenser sa stratégie, clarifier son projet et redéfinir son identité alors qu’il devra s’opposer à un gouvernement dominé par Frères d’Italie et qui sera positionné très à droite. 
Marc Lazar

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