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L'OFFICE UNIVERSITAIRE DE RECHERCHE SOCIALISTE |
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Robert Verdier
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| | Pour Robert Verdier par Alain Bergounioux
Avec la mort de Robert Verdier, le socialisme a perdu plus qu’une grande figure. Bien sûr, nous garderons le souvenir du jeune secrétaire général adjoint de la SFIO, qui, derrière Daniel Mayer, et quelques autres, a incarné le renouveau du socialisme résistant. Mais nous pensons – pour avoir le privilège de l’avoir connu dans ses activités de Président de la Société des Amis de Léon Blum et de responsable de la Ligue des droits de l’homme – à l’homme, à sa personnalité chaleureuse, à sa grande rectitude morale, à une personnalité qui ne séparait pas l’expression de ses convictions du sens des responsabilités. Que Léon Blum ait voulu qu’il fût son adjoint à la rédaction du Populaire, en 1946, ne relève pas du hasard. Tous les deux ont incarné profondément un socialisme humaniste avant toute chose, loin de la volonté de faire le bonheur des hommes malgré eux….
Jeune professeur à Montpellier, en 1934, il se lance dans l’action politique et syndicale. Nommé à Paris, marqué » par le pacifisme, comme beaucoup de jeunes socialistes de sa génération (il était né en 1910), il n’accepte cependant pas l’esprit munichois et rallie les positions de Léon Blum. Démobilisé en juillet 1940, dès octobre, avec quelques camarades, il entreprend de reconstruire des structures socialistes dans la clandestinité. Il appartient à Libération Nord. Il rejoint Daniel Mayer dans la création du Comité d’Action Socialiste puis du parti socialiste clandestin dont il deviendra le secrétaire général adjoint. Député, dès novembre 1944 à l’Assemblée Consultative provisoire puis aux deux assemblée constituantes, il va connaître une courte carrière parlementaire entre 1951 et 1958, particulièrement actif dans de nombreuses responsabilités. Mais il est également très présent dans les débats du Parti. Battu avec Daniel Mayer, au congrès d’août 1946, il demeure au bureau de la SFIO et entame une carrière de journaliste, au Populaire, journal du parti, aux côtés de Léon Blum, puis sans lui après sa mort en 1950. Rapidement, il devient, avec Alain Savary, un spécialiste des problèmes de la décolonisation. Il intervient contre la répression en Tunisie et au Maroc. Il appuie la politique suivie par le gouvernement de Pierre Mendès-France en 1954. La question de la Communauté Européenne de Défense, la même année, le conduit à jouer un rôle actif dans le rejet du Traité, comme un grand nombre de parlementaires, mais contre les décisions des congrès socialistes. Sanctionné, il abandonne la direction du Populaire.
C’est la guerre d’Algérie qui l’amène à prendre une part importante dans la constitution d’un courant minoritaire. Dès juin 1956, il est un des principaux rédacteurs d’une motion, pour le congrès de la SFIO, qui reconnaît le « fait national algérien ». En juillet 1957, il vote contre le renouvellement et l’extension des pouvoirs spéciaux en Algérie. En mai 1958, il défend, en vain, une politique de fermeté face aux insurgés d’Alger et, le 1er juin, vote contre l’investiture du général De Gaulle.
Il n’est, donc, pas étonnant qu’il se trouve aux cotés de Daniel Mayer, Pierre Mendès-France, François Mitterrand en août 1958 pour tenter de réunir la gauche non communiste qui refuse le « coup d’État » dans une éphémère Union des forces démocratiques. Il est un des membres fondateurs du Parti socialiste autonome, en septembre, dont il devient secrétaire adjoint, aux côtés d’Édouard Depreux. Battu aux élections législatives, il reprend un poste de professeur. En 1960, il est un des fondateurs du PSU. Mais, après la guerre d’Algérie, avec Alain Savary, mal à l’aise dans un Parti trop divisé, il le quitte pour participer à l’aventure de la Fédération de la gauche démocrate et socialiste, créée par François Mitterrand. Évidemment, il est, avec Alain Savary, dans la création du nouveau Parti socialiste, en avril 1969, dont il devient (encore une fois) secrétaire adjoint. Battu à Épinay, il n’entre pas pour autant dans l’opposition et siège même pour dix années au Comité directeur du Parti.
Il donne, cependant, désormais la priorité à d’autres activités intellectuelles et sociales. Président de la Société des Amis de Léon Blum, il anime les Cahiers Léon Blum, vite reconnus par les historiens. Entré à la demande de Daniel Mayer, à la Ligue des Droits de l’Homme, il poursuit son combat ancien pour la dignité et la liberté des hommes. En 2003, il assume encore la direction de la Commission Internationale de la Ligue. Ce rappel d’une « sa longue vie » largement consacré aux autres, dans la fidélité à ses convictions de jeunesse, laisse encore beaucoup à dire. Heureusement, Robert Verdier avait publié récemment ses Mémoires, empreintes de modestie, à l’image de sa personnalité, mais qui ressuscite tout un itinéraire révélateur de notre histoire collective. Le mieux, pour nous, est encore de les lire…. Alain Bergounioux
Robert Verdier a publié de très nombreux articles, particulièrement dans le Populaire, Le Midi Libre, La Revue Socialiste, Les Cahiers Léon Blum, Hommes et Liberté. Il est l’auteur de deux ouvrages : PS-PC, Une lutte pour l’entente, 1920-1976 (Paris, Seghers, 1976) et Bilan d’une scission, le congrès de Tours (Gallimard, collection Idées, 1981), le co-directeur avec Pierre Guidoni d’un ouvrage collectif (Les Socialistes en Résistance,1940-1944, Paris, Seli Arslan, 1999) et l’auteur de deux brochures parues aux Éditions de la liberté La Vie clandestine du parti socialiste et la Doctrine et les tâches du socialisme. En 2005, il a publié ses mémoires avec une préface de Pascal Ory (l’Harmattan, 233 p).
| Lire la critique des mémoires de Robert Verdier parue dans l'OURS |
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